Tunisie : Rassemblement contre l’extrémisme religieux 03.07.11

Publié le par printempsdespeuples44

Manifestation à Tunis le 6 mai 2011.

 

Des centaines de Tunisiens, jeunes pour la plupart ,ont organisé ce samedi ,un Sit-in dans la capitale Tunis, avenue Habib Bourguiba, pour dénoncer l’intégrisme, l'extrémisme et la violence qui secouent actuellement plusieurs villes du pays . Les manifestants se sont  rassemblés devant le théâtre municipal répondant à des appels lancés sur des réseaux sociaux ont indiqué des témoins.

 

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles nous pouvons lire : « Non à la violence, oui à la tolérance», «contre tout extrémisme religieux», «non à une Algérie bis des Années 90 ». Cette manifestation intervient quelques jours seulement après l’attaque par des islamistes du cinéma AfrcArt à Tunis où une manifestation culturelle allait se dérouler. Le film de Nadia El-Fani «Ni Allah ni Maître» a provoqué la colère des salafistes islamistes qui ont manifesté hier  après la grande prière du vendredi . Les Islamistes ont manifesté à Sfax et à Sidi Bouzid à Jendouba ( où le drapeau national a été jeté comme un torchon par l'un de ces groupes d'extrémistes) pour protester selon eux contre des atteintes à l’Islam.

 

Vendredi, des tracts ont été distribués par un groupe de jeunes dans certaines mosquées de Bizerte condamnant la campagne menée contre l’islam, annonce l’agence Tap.

Le film ‘‘Ni Allah ni maître’’ de Nadia El Fani, jugé blasphématoire pour l’islam, continue à faire du bruit. Les déclarations inattendues de Mohamed Talbi sur les mœurs de Aïcha, l’épouse du prophète Mohamed, en direct sur Shems FM n’ont pas arrangé les choses. Des manifestations ont eu lieu à Tunis, Sfax et, vendredi, à Bizerte pour condamner ce qui est considéré comme des provocations.


Dans les tracts distribués à Bizerte, on s’en prend à ceux qui s’attaquent à l’islam et  aux musulmans. Plusieurs, selon toujours la même source, «n’hésitent pas à pactiser avec l’étranger et à violer le sacré pour atteindre des objectifs vils et montrer leur haine pour la religion».
Plusieurs citoyens parmi ceux qui n’appartiennent pas aux mouvements religieux ou salafistes ont répondu favorablement à cet appel. Ils disent qu'ils sont avec la liberté d’expression et contre le terrorisme intellectuel, d’autant plus que «la Tunisie ne tolère pas, en cette conjoncture, une telle polémique» qui s’inscrit, de leur point de vue, «dans le cadre de la provocation du peuple tunisien qui a rejeté, de tout temps, toute forme d’extrémisme».

 

Ces événements ont relancé avec force le débat sur l'islamisme en Tunisie: vrai danger ou faux prétexte pour occulter les véritables problèmes ? Ennahda --le grand parti islamiste durement réprimé sous ben Ali et légalisé après la révolution-- joue-t-il double jeu ou doit-il être considéré comme un partenaire démocratique à part entière ?

Le parti est en tout cas généralement considéré comme l'un des favoris des élections du 23 octobre prochain pour choisir une assemblée constituante

Artistes, syndicalistes et intellectuels de gauche ont multiplié cette semaine les réunions et manifestations pour mettre en garde contre "l'intégrisme et l'extrémisme", fustiger "l'inertie" des autorités et l'"ambiguïté" d'Ennadha vis à vis des actions salafistes. Le parti islamiste a condamné l'attaque du cinéma, mais selon eux il tient "un double langage".

"On ne laissera pas passer la violence dans ce pays profondément tolérant. On ne s'est pas débarrassé de la dictature d'un type pour passer sous la dictature d'une idéologie", martèle Habib Belhedi, membre de la direction du cinéma Afric'Art.

"Les gens, même les plus ouverts, nous reprochent de tomber dans la provocation en projetant un film sur la laïcité Mais où on va ? On n'a pas fait une révolution pour en arriver là quand même!", s'indigne de son côté Nohra Sekik, membre du collectif Lam Echalm, qui regroupe quelque 80 associations.

Au-delà de l'affaire du film de Mme el Fani, beaucoup s'inquiètent de la visibilité de plus en plus importante des radicaux islamistes.

 

Tunisie : la contre-révolution islamiste en embuscade
Par : D. Bouatta

Le peuple tunisien est le premier dans le monde arabe à s’être débarrassé de sa dictature, et en un mois.
Mais la partie est loin d’être gagnée pour son avenir. Ses islamistes, qui ont pris le train de la révolution en marche,
sont en embuscade. Ennahda montre désormais ses crocs.
Ce n’est plus le temps des yeux doux et des promesses à se mouler dans la démocratie, voire à sacrifier leurs propres revendications d’une cité religieuse idéale au nom des aspirations des acteurs de la chute des régimes de Ben Ali et de Moubarak aux libertés universelles. Et en vertu aussi de la realpolitik et du reflux de l’islamisme radical sur la scène internationale. Les deux partis islamistes sont sortis du bois, affichant leur vrai visage, même s’ils se cachent derrière le modèle de pouvoir islamique turc. En Tunisie, Ennahda a certes abandonné (momentanément) l’option de s’inscrire dans une démarche de création d’un État islamique comme l’avait énoncé son leader Rached Ghannouchi en 2005, mais voilà que ses vieux démons reprennent le dessus au moment où le pays est mobilisé pour la constituante qui doit fixer la Tunisie post-Ben Ali.
Abandonnant la position qui jusqu’ici s’inscrivait dans la recherche avec les autres composantes de la société de l’harmonie sociale sur fond de laïcité politique sinon de sécularisation de la religion, les islamistes tunisiens se révèlent prêts à faire encourir à la Tunisie un risque d’implosion et de déchirement. En d’autres termes, Ennahda a choisi de revenir à ses origines, à sa politique à forte densité religieuse, prenant le risque de perdre son capital de respectabilité qu’il a accumulé après la chute de Ben Ali et sa légalisation par les autorités de transition. Apparemment, Ghannouchi se serait rapproché des courants radicaux qui sommeillaient et des salafistes. D’où ces agressions subites du “way of life” tunisien. Une guerre est engagée dans les mosquées pour le leadership et des incidents sont régulièrement annoncés dans ce pays où le statut des femmes est le plus avancé dans le monde musulman.
Pas moins d’une centaine de personnes, des salafistes proclamés, se rassemblent depuis une semaine devant le tribunal de première instance de Tunis, pour faire libérer 7 des leurs arrêtés lors des violences et agressions survenues au CinemAfricArt. Ils protestent en même temps contre le film Ni Allah ni maître de Nadia El-Fani, qui était projeté ce soir-là. Et, inédit dans le pays — surtout à la période de la dictature —, ils sont passés à la force, la salle de cinéma a été saccagée et des passants agressés. CinemAfricArt est située à quelques mètres de l’avenue Bourguiba en plein centre de Tunis. Les barbus encagoulés portaient des banderoles aux slogans explicites du genre “le peuple demande l'incrimination de l'athéisme”.
Depuis le 14 janvier, les salafistes prêchent au grand jour en Tunisie. En outre, des faits de ces dernières semaines tendent à montrer que la menace jihadiste est à prendre au sérieux.
Des incidents à répétition, le dernier en date est l’assassinat de deux militaires, le colonel Tahar Ayari et le soldat Walid Haji, à Rouhia dans le gouvernorat de Siliana, au cours d’une fusillade qui les a opposés à deux terroristes armés. À ce jour, le ministère de l’Intérieur ne s’est pas exprimé définitivement. Une enquête suit son cours, indique-t-on à Tunis. Auparavant, deux terroristes étrangers, qui venaient d’Algérie pour se rendre en Libye, avaient été interceptés.
La piste Aqmi est privilégiée d’autant que les armes circulent librement dans le pays voisin, la Libye dont le printemps s’est révélé plus âpre au point où les insurgés contre Kadhafi ont remis leur sort entre les mains de l’Otan et de la France particulièrement. C’est le moment choisi par le mouvement islamiste tunisien Ennahda pour annoncer son retrait définitif de la Haute instance chargée des réformes politiques et de la transition démocratique. Les islamistes exigent que leur idéologie figure dans le projet de “Pacte républicain” en cours de discussion. Des voix s’élèvent en Tunisie pour exprimer le désarroi face à leur montée rampante, craignant pour les droits de la femme et le tourisme, la mamelle de l’économie.
En immersion, le hidjab et le kamis sont de plus en plus visibles et Ennahda n’a pas attendu pour infiltrer les rouages du pouvoir de transition. Alors que la société civile se bat bec et ongles pour asseoir la démocratie et le progrès, avec au centre l’individu comme citoyen affranchi de toutes sortes de tutelle, ces valeurs suprêmes à la base du soulèvement du 14 janvier, les islamistes incarnent, a contrario, l’Oumma et la religion pour corseter les Tunisiens.
C’est-à-dire, un retour au bénalisme avec moins de libertés ! C’est tout l’enjeu des luttes en cours en Tunisie.
L’Etat tunisien récupère l’immeuble de l’ex-RCD à Paris

L’immeuble n°36 de la rue Botzaris, à Paris, a été récupéré par l’Etat tunisien, a indiqué vendredi, M. Naceur Essid, directeur des affaires consulaires, au ministère des Affaires étrangères.

 

M. Essid a fait état de l’invasion, à trois reprises, de cet édifice par des immigrés clandestins tunisiens, venant de Lampedusa, en Italie, avec le « soutien d’organisations de la gauche française », a-t-il dit lors de la rencontre périodique tenue, vendredi, au Premier ministère.

Les clandestins voulaient loger dans cet édifice qui appartenait au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD dissous) où se trouvaient des documents du parti qui risquaient d’être détruits, a-t-il expliqué.

Source: TAP

 

Publié dans Tunisie

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