Egypte : L'armée, toujours au pouvoir, réprime les manifestant-es 20.12.11

Publié le par printempsdespeuples44

Les forces de l'ordre et l'armée égyptiennes tireraient à balles réelles sur les jeunes manifestants, comme le montre cette image postée sur Internet par un "révolutionnaire". © scaf-crimes.blogspot.com

 

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige l' Égypte depuis la chute en février du président Hosni Moubarak, a exprimé mardi ses profonds regrets pour les atteintes aux femmes lors de heurts avec des manifestants au Caire.

Le Conseil suprême des forces armées exprime aux femmes d' Égypte ses profonds regrets pour les atteintes qui se sont produites lors des affrontements récents au cours des manifestations devant le Parlement et le siège du gouvernement, a affirmé le CSFA dans un communiqué sur sa page Facebook. L'armée prendra toutes les mesures légales pour que les responsables de ces atteintes rendent des comptes, poursuit le communiqué, publié quelques heures après une manifestation qui a rassemblé environ 2.000 femmes au Caire pour dénoncer les attaques contre des manifestantes. Le quotidien indépendant Tahrir, fondé après la chute du président Hosni Moubarak en février, fustigeait en Une les forces qui attentent à l'honneur, avec une photo d'un soldat tenant une femme par les cheveux tandis qu'un autre brandissait une matraque au-dessus d'elle. La veille, un quotidien avait montré en Une la photo d'une manifestante voilée, dont les soldats découvraient le soutien-gorge et le ventre en la frappant et en la traînant sur la chaussée. Les violences envers les manifestantes sont indignes de la révolution et déshonorent l' État égyptien, a accusé la secrétaire d' État américaine Hillary Clinton, dans un langage fort peu diplomatique. La Haut Commissaire aux droits de l'Homme de l'Onu, Navi Pillay, a condamné la répression brutale des manifestations. La violence impitoyable avec laquelle des femmes manifestant pacifiquement ont été frappées est particulièrement choquante et ne peut rester impunie, a-t-elle souligné. La police et l’armée égyptiennes ont tiré des coups de feu et fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques mardi: ils tentaient une nouvelle fois de déloger de la place Tahrir du Caire des manifestants hostiles au pouvoir militaire.

 

Ils estiment que leur révolution n'est pas finie. Loin de là. Car, selon eux, l'armée s'est arrogée le pouvoir post-ère Moubarak. Résultat: rien n'a changé. Tout reste à faire. C'est pour cela qu'ils campent sur leurs positions révoltées sur la place centrale de la capitale égyptienne, la désormais fameuse place Tahrir. Mais l'armée, véritable colonne vertébrale du pouvoir en Egypte, n'entend pas changer le fonctionnement du pays. Pour faire taire les manifestants, elle tirerait à balles réelles sur les jeunes qui réclament à cor et à cri une vraie démocratie pour leur pays.

D’intenses fusillades ont résonné à travers la place tandis que les forces de sécurité chargeaient des centaines de manifestants refusant de quitter les lieux, ont déclaré des activistes et un journaliste de Reuters.

«Des centaines de membres de la sûreté de l’Etat et de l’armée ont pénétré sur la place et ont commencé à tirer sans relâche. Ils ont poursuivi des manifestants et brûlé tout ce qui était sur leur passage, y compris du matériel médical et des couvertures», a dit Ismaïl, un manifestant, au téléphone.

Avant cette intervention des forces de l’ordre, des manifestants ont tenté de briser un mur de briques érigé pour bloquer l’accès au parlement, situé non loin de la place Tahrir.

Arrestations massives

De sources médicales, on estime que 13 personnes sont mortes et des centaines d’autres ont été blessées depuis le début de ces nouveaux affrontements vendredi sur la place Tahrir, épicentre du soulèvement ayant abouti en février au renversement d’Hosni Moubarak. Des manifestants affirment que ce bilan va s’alourdir avec la dernière intervention des forces de l’ordre.

Des personnalités politiques et des membres du parlement ont tenté de se rendre sur la place mais ont fait demi-tour en raison des fusillades, a ajouté ce manifestant. Une source militaire a fait état de 164 arrestations. Une source au sein des services de sécurité a déclaré qu’un jeune homme de 26 ans était mort en détention sans que l’on connaisse la cause de son décès.

L’agence de presse Mena a rapporté que le Parquet avait placé en détention 123 personnes arrêtées pour refus d’obéissance, jets de pierres contre les forces de l’ordre et incendies de bâtiments publics. Le parquet a relâché 53 autres personnes.

L'armée, colonne vertébrale du pouvoir

Dix mois après le renversement d’Hosni Moubarak, une partie de la population soupçonne l’armée de profiter de son rôle à la tête du processus de transition pour tenter de conserver le pouvoir.

D’autres savent gré aux militaires de chercher à maintenir le calme et l’ordre afin de permettre le bon déroulement des élections, qui se déroulent par phases depuis fin novembre.

Publié dans Egypte

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article