Tunisie: le bras de fer continue autour de la date des élections 26.05.11

Publié le par printempsdespeuples44

L'instance supérieure indépendante pour les élections a établi un calendrier qui prévoit l'organisation des éìections de la Constituante le 16 octobre 2011, a annoncé M. Kamel Jendoubi, Président de l'instance.
S'exprimant lors d'une conférence de presse à Tunis, M. Jendoubi a précisé que l'éventualité de l'organisation de ces élections le 24 juillet prochain n'est pas envisagée dans le calendrier établi par l'instance supérieure indépendante pour les élections.

 

«Nous avons établi un calendrier des élections de l'Assemblée nationale constituante  avec le 16 octobre 2011 comme jour du scrutin», c'est ce qu'a annoncé M. Kamel Jendoubi, président de L’Instance supérieure indépendante des élections, au cours d'une conférence de presse tenue hier au siège du Conseil économique et social, mis provisoirement à la disposition de l'Instance qui déménagera au cours des tout prochains jours dans de nouveaux locaux sis au 10 rue de Rome, c'est-à-dire l'ancien siège de la campagne du président déchu.

 Pour des raisons «procédurales et logistiques», l'Instance a, dans une première étape, proposé le report des élections au 16 octobre, question de jauger les intentions aussi bien du gouvernement que des partis politiques. Réagissant à cette proposition, le Conseil des ministres a décidé de s'en tenir  à la date initiale du 24 juillet promettant de mettre à la disposition de l’Instance «tous les moyens matériels, humains, administratifs et techniques pour assurer l'organisation des élections à la date prévue», alors que les  partis politiques se divisent ou plutôt se déchirent entre partisans et opposants au report. D’une bataille  à l’autre et cela risque de prendre davantage de temps que prévu et d’ajouter encore à la confusion qui semble caractériser cette transition démocratique dont on ne voit pas encore l’issue.  Aucune avancée significative n’a, en effet, été enregistrée depuis l’annonce par le président intérimaire  des élections de la Constituante  qui permettront, enfin, au pays de recouvrer sa stabilité, à l’économie de reprendre ses activités normales  et au peuple tunisien de retrouver la confiance dans ses institutions. Le débat qui s’est instauré autour de cette épineuse question  a, pratiquement, faussé l’enjeu principal, connaissant, parfois, des dérives incontrôlables, versant dans la cacophonie et laissant téléspectateurs et auditeurs  sur leur faim. Les raisons invoquées ou sous-entendues par certains partis politiques ne sont, en fait, que de simples alibis pour  justifier telle ou telle position. Sans prendre en considération ni l’intérêt du pays ni la gravité du tournant que nous sommes tous en train de négocier pour  assurer notre transition dans le calme et la sérénité.  Véritable imbroglio qui n’a pourtant pas l’air de décourager l’Instance des élections nouvellement installée. Entouré de ses assesseurs, Kamel Jendoubi qui a tenu à assurer que «contrairement aux rumeurs qui ont circulé tout dernièrement, aucun membre de l'Instance n'a songé à démissionner», invitant par là même les médias à faire preuve de plus de circonspection pour ne pas induire l'opinion publique en erreur. Et c'est justement à cette opinion publique qu'il a voulu présenter  la feuille de route des prochaines élections avec un éhéancier précis, qui tient compte de toutes les données objectives ,et ce, conformément au décret loi n° 27 en date du 18 avril 2011 portant création de l’Instance. «Ce calendrier, nous l'avons proposé aux partis politiques que nous avons invités ici même pour  les informer de notre démarche», ajoute-t-il, «sans pour autant nous laisser influencer par quiconque». Le temps imparti est très court et il est pratiquement impossible de pouvoir organiser les élections dans moins de deux mois. «Des élections, ça se prépare et que dire quand il s'agit des premières élections libres de la Tunisie indépendante», argumente-t-il.

Immense tâche

A la lecture de l’article 4 du décret loi sus-cité,  on comprend l’immense tâche qui incombe à ladite Instance qu’une quinzaine de missions attend et qui sont aussi ardues les unes que les autres. «Les responsabilité sont énormes et nous devons travailler jour et nuit pour pouvoir les assumer. Cela va de la proposition du découpage des circonscriptions électorales, à la mise en place d'un calendrier détaillé de toute l'opération électorale, en passant par la réception des demandes des candidatures, le suivi des campagnes électorales de toutes les listes jusqu’à la proclamation des résultats», explique le président de l’Instance. Le calendrier présenté comprend 28 échéances avec le temps qui est imparti à chacune d'elles, calculé en jours : «De l'installation de l'Instance au jour du scrutin, il nous faut plus de 130 jours pour mener à bien notre mission», explique Kamel Jendoubi. Et d'énumérer les différentes étapes qui ont déjà commencé par l'élection de l'Instance avant de passer à l'installation de ses représentations régionales, le recrutement des observateurs estimés à plus de 21.000 avec ce que cela nécessite comme formation et habilitation puisqu'ils auront la lourde responsabilité de superviser les bureaux de vote dont le nombre se situerait entre 7.000 et 8.000. Ajouter à cela la préparation des listes des électeurs qui s'avère plus compliquée que prévu «puisque environ 400.000 personnes n'ont pas encore changé leurs cartes d'identité nationale et que 13% des adresses sont fausses et qu'en plus de cela la base de données des CIN ne permet pas la rectification automatique de ces adresses», explique le président de l'Instance avant d'ajouter «que pour la seule opération du changement des cartes d'identité cela pourrait prendre plus de 100 jours, à raison de 3000 cartes par jour». Il est évident que face à cette situation, on ne pourra que compter sur l'inscription volontaire des électeurs. «Mais les listes seront incomplètes», concède Kamel Jendoubi. Pas moins de cinq décrets d’application doivent être publiés dans les délais dont notamment celui portant convocation des électeurs, au moins 60 jours avant la date du scrutin et celui relatif à la présentation des candidatures qui doivent être déposées à l’Instance 45 jours avant l’échéance. Cela sans parler des mesures à prendre pour assurer le bon déroulement des élections. «Mais qu’à cela ne tienne, nous sommes tous conscients de ce qui nous attend et nous acceptons d’assumer cette tâche avec beaucoup de fierté avec pour seul objectif de réaliser cette opération dans les meilleures conditions possibles».

C’est pour ces raisons que l’Instance ne pourra pas s’engager pour la date du 24 juillet. «Les élections d’une Assemblée constituante sont plus compliquées que les élections présidentielles», soutient Kamel Jendoubi.  «Et ce n’est pas uniquement une question de moyens car le gouvernement va faire tout le nécessaire, mais plutôt une question de crédibilité et de transparence», observe-t-il. Entre-temps le gouvernement a immédiatement débloqué une avance de dix millions de dinars et un compte a été ouvert au nom de l’Instance à la Banque centrale.
Est-ce à dire que la question de la date est résolue‑? «Nous l’espérons et nous comptons sur la compréhension du gouvernement et les bonnes dispositions des partis politiques avec lesquels nous maintenons le dialogue. Nous sommes réceptifs à toutes les propositions, voire  aux critiques mais nous n’accepterons jamais que notre intégrité soit mise en doute et nous tenons à l’indépendance de notre décision», conclut le président de l’Instance supérieure des élections.

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