Le Grand Chelem pour les Islamistes au Maghreb... Et l'Algérie ? 29.11.11

Publié le par printempsdespeuples44

Les nouveaux maîtres de Tripoli promettent une Constitution basée sur la charia (application stricte des textes coraniques), les islamistes ont remporté les élections de l'Assemblée constituante du 23 octobre en Tunisie tandis que le nouveau gouvernement marocain s'apprête à avoir à sa tête un islamiste suite à la victoire historique du PJD (Parti de la justice et du développement) aux élections législatives du 25 novembre. Les islamistes sont sur le point de réaliser le Grand chelem au Maghreb. Il manque à leur tableau de chasse l'Algérie. Tombera-t-elle dans leur escarcelle? Les pronostics sont certes, ouverts.
La parole sera donnée aux urnes, elles parleront et livreront leur verdict en principe au mois de mai 2012. Aucun indice ne permet, dans l'immédiat, de dire que la mouvance islamiste accèdera au pouvoir dans six mois en Algérie. Pour l'instant, l'Assemblée nationale est prise dans la tourmente des amendements et de l'adoption des lois qui régissent la vie politique. C'est sur ce terrain que le Mouvement de la société pour la paix, qui compte 52 députés, tente de se distinguer de ses alliés (FLN et RND) en tenant un discours rassurant par rapport à la condition de la femme et sa participation à la vie politique. Une stratégie de communication qui semble être calquée sur celle d'Ennahda en Tunisie. Le parti de Bouguerra Soltani va même jusqu'à proposer la parité entre femmes et hommes au sein des Assemblées nationale (APN), communale(APC) et de wilaya (APW). Quel état des lieux peut-on faire de la mouvance islamiste? L'ex-FIS dissous dont certains leaders tentent de reprendre du service, aura pour particularité d'avoir pris les armes suite à l'élection avortée de 1991. Il a été mis hors-jeu suite à sa dissolution.
Le Mouvement de la société pour la paix, qui a fait de l'entrisme sa stratégie d'accès au pouvoir, s'est distingué en s'alliant au FLN (Front de libération nationale) et au RND (Rassemblement national démocratique) majoritaires au sein du Palais Zighoud-Youcef pour participer aux gouvernements précédents et actuel. Même s'il est vrai que ces deux partis, l'ex- FIS et le MSP, n'ont pas joué sur le même tableau, il n'en demeure pas moins -si l'on inclut le parti En-Nahda «version Abdallah Djaballah»- que cette description sommaire n'est pas loin de refléter la photographie représentative et réelle de la composante du courant islamiste de l'Algérie. Schématiquement, trois tendances qui n'ont jamais donné l'impression de vouloir unir leurs forces pour des motifs d'ordre idéologique, d'une part et stratégique, d'autre part. L'Algérie a payé au prix fort son expérience islamiste du début des années 1990. 200.000 morts selon certains chiffres. L'ex-FIS dissous qui avait raflé la mise lors des élections communales et de wilayas en 1990 (953 communes sur 1539 et 32 wilayas sur 48), a frappé aux portes du pouvoir lors des élections législatives avortées de 1991 (188 sièges au premier tour).
Un réservoir de voix inestimable que n'a pu capter le leader du MSP Bouguerra Soltani qui incarne la tendance islamiste soft et bon teint en Algérie. Les résultats du MSP enregistrés depuis la disparition de son leader charismatique, feu Mahfoud Nahnah, ne peuvent s'interpréter que comme étant des contre-performances eu égard à ceux réalisés par la mouvance islamiste intégriste (ex-FIS dissous Ndlr). Le MSP, qui incarne le courant islamiste légal (3e force politique au sein de l'APN) en Algérie, se distingue par rapport à ses frères «jumeaux» tunisien et marocain qui se sont clairement situés dans l'opposition. Il a, en effet, la particularité d'avoir et encore fait partie de la coalition gouvernementale. Il aura logiquement bien du mal à proposer une alternative politique qui le démarquerait d'une gestion des affaires du pays à laquelle il a pris part. A l'instar de la flambée des prix des produits de consommation de base-sucre et huile-gérée par le ministre du Commerce (MSP) Mustapha Benbada, qui a débouché sur des émeutes au mois de janvier 2011.
Ce qui aurait pour conséquence de lui ôter toute crédibilité aux yeux des électeurs. Dans un tel contexte, la vague verte, qui submerge le Maghreb, devrait échouer au large des côtes algériennes.

Publié dans Algérie

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