Algérie: deux tentatives d'immolation par le feu ce week-end 03.07.11

Publié le par printempsdespeuples44

Deux tentatives d'immolation par le feu, dont celui d'une femme, ont eu lieu ce week-end en Algérie, a rapporté dimanche la presse.
En plus samedi, un père de famille est décédé des suites de ses brûlures après s'être aspergé d'essence une semaine plus tôt pour exprimer sa colère de ne pas figurer sur une liste de bénéficiaires de logements sociaux à Souk Ahras, à 600 km à l'est d'Alger, a rapporté le quotidien arabophone El-Khabar.


L'Algérie vit une crise du logement aiguë malgré un programme gouvernemental de construction à grande échelle.
Les motifs qui ont poussé samedi une femme à tenter de s'immoler dans la région d'El Tarf, à 700 km à l'est d'Alger, ne sont pas clairs.
Des sources locales ont indiqué à l'AFP qu'elle avait ingurgité de l'essence et s'en était aspergée avant d'y mettre le feu devant le tribunal régional, fermé pour le week-end, en raison d'un désaccord avec son frère sur des travaux d'assainissement dans leur domicile.
Le quotidien Liberté a fait état d'un problème d'héritage.
Brûlée au 3ème degré sur plus de 60% de son corps, elle est soignée à l'hôpital régional d'Annaba.
Un adolescent de 17 ans a également tenté vendredi de s'immoler devant un commissariat de la région de Tissemsilt, à Theniet el Had (280 km au sud-ouest d'Alger), où il était convoqué pour une affaire de vol, selon El-Khabar.
Il y a un mois, un autre jeune avait tenté de s'immoler devant le même commissariat. Il en est mort le 29 mai.
Ces gestes d'une extrême violence sont devenus monnaie courante depuis janvier en Algérie.

Ces derniers jours, deux nouvelles personnes ont tenté de se suicider par le feu. Une femme de 37 ans, habitant dans la région d’El Tarf dans l’extrême est du pays s’est immolée samedi et la veille, c’était un jeune homme de 17 ans dans la région de Tissemsilt, au sud-ouest d’Alger. Un homme est également mort récemment des suites de ses blessures, une semaine après s’être immolé par le feu dans une autre région du pays.

Depuis le mois de janvier et le début de la vague de protestations sociales en Algérie, les tentatives d’immolation n’ont pas cessé. La presse algérienne en a ainsi dénombré une soixantaine, dont certaines, une minorité, ont coûté la vie à leurs auteurs.

Les Algériens qui se sont immolés expriment tous leur détresse face au chômage, aux problèmes du logement, ou d’autres difficultés rencontrées dans leur quotidien.

La femme qui s’est immolée ce samedi, dans l’est du pays, voulait protester contre une décision du tribunal dans une affaire familiale.

Le jeune homme de 17 ans, lui, s’est immolé devant le commissariat où il avait été convoqué pour une affaire de vol.

Attirer l’attention des autorités

Pour toutes ces victimes, c’est le seul moyen qu’elles ont trouvé pour attirer l’attention des autorités sur leur situation, après parfois des semaines et des mois de démarches administratives infructueuses. Un geste extrême, qui illustre le fossé entre les Algériens et leurs gouvernants.

Mais ces gestes de désespoir n’ont pas suscité de mouvements de solidarité ou de réactions particulières des autorités. La plupart sont presque passés inaperçus dans les médias nationaux. Cependant, ils confirment que malgré les dépenses exceptionnelles engagées par l’Etat depuis le début de l’année pour calmer la protestation, le climat social est loin d’être apaisé en Algérie.

 

 

L’affichage des listes de bénéficiaires met le feu aux poudres,

 

Laffichage des listes de bénéficiaires met le feu aux poudres,Les logements de la colère L’Algérie peine à trouver un climat social apaisé, en dépit de la multitude de mesures prises à cet effet par le gouvernement.

 

Ni le soutien aux prix des produits limentaires de base, l’huile et le sucre notamment, ni les revalorisations salariales assorties toutes d’effet rétroactif et encore moins la promesse d’un avenir radieux après les réformes politiques annoncées n’ont été à même de ramener la paix sociale.

C’est que quand bien même il serait convenablement rémunéré, l’Algérien, partout où il réside, reste mal logé. Aussi, dès qu’une commune affiche une liste d’attribution de logements sociaux, la contestation, rarement pacifique, germe immanquablement.

A l’est du pays, principalement à El Tarf, Annaba et Jijel, la fin de semaine a été particulièrement chaude. Des affichages de listes de bénéficiaires de logements sociaux ont soulevé des vents de protestation qui ont tourné aux émeutes. Des scènes de saccage d’édifices et de biens publics ont été enregistrées. Alger, la capitale, n’est pas en reste. Presque dans la quasi-totalité de ses communes, les déceptions, après souvent de longues années d’attente d’un toit, se sont muées en éructations de colères. Une situation qui a, semble-t-il, incité le wali d’Alger à annoncer un plan Marshall : 120 000 logements pour la capitale d’ici 2014.

Encore une épreuve de patience pour tous les oubliés des livraisons en cours et certainement de celles passées. Des oubliés qui ne sont pas assurés de figurer dans ce proche avenir parmi les heureux bénéficiaires d’un logement social. Car il est établi que ce type de logement ne profite pas aux seuls éligibles à la formule, c’est-à-dire aux citoyens à faible ou sans revenu qui ne disposent pas d’un toit ou vivent dans l’exiguïté d’un bien familial indivis.

L’accusation, redondante, il faut bien le noter, portée à l’encontre des maires, chefs de daïra et des commissions chargées de sérier les ordres de priorité d’accès au logement social s’arrangent à chaque fois de servir des proches au détriment des postulants légitimes apporte la preuve intangible de ce que c’est aussi la gestion du dossier par les autorités locales qui, à chaque livraison, fait des laisser-pour-comptes, des mécontents.

Et il se trouve que c’est sur les seuls maires, élus qu’ils sont, que s’abattent les colères des citoyens. Des colères qui, en ce moment, tombent mal, puisqu’elles constituent un mauvais prélude à une compétition électorale qui n’est pas loin. Il est évidemment des popularités qui déclineront forcément. Pendant que ce temps, à plus haute échelle, walis et gouvernement s’évertuent à faire les arbitres, alors qu’ils sont, en vérité, les premiers concernés par la situation tant est que ce sont eux qui élaborent et dictent la politique sociale, le logement y compris.

S. A. I.

Publié dans Algérie

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