Algérie : Manifestations dimanche de chômeurs à Skikda, Ouargla et Laghouat 09.01.12
Excédés par l'injustice et la bureaucratie, les citoyens de Laghouat ont enclenché hier une grève générale largement suivie.
C'est devenu une coutume. Chaque début d'année, le pays s'embrase. Des chômeurs, essentiellement des jeunes, sont sortis, dans la matinée de ce dimanche 8 janvier, à Skikda, Laghouat et Ouargla pour réclamer de l'emploi, dénoncer les dépassements de certaines institutions en matière d'embauche et protester contre le mépris des autorités, indique le journal électronique TSA. «Les jeunes sans emploi se sont rassemblés aujourd'hui à Skikda devant le port, à Laghouat devant le siège de la wilaya et à Ouargla devant la direction régionale de l'Agence nationale de l'emploi (Anem)», indique l'un des porte-parole du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (Cnddc), Tahar Belabes.
D'après ce dernier, le choix de ces trois villes n'est pas fortuit puisque le chômage gangrène les jeunes de ces villes alors qu' accueillent une importante activité dans le domaine des hydrocarbures. Mais la protestation la plus impressionnante de la journée n'est autre que la grève générale. Laghouat a également été «quasiment paralysée» par cette grève générale à laquelle ont participé les travailleurs de tous les secteurs en solidarité avec les demandeurs de logements sociaux.
La population de la ville de Laghouat a déclenché cette grève en signe de protestation contre les responsables de la wilaya accusés de «détournements de deniers publics et d'incompétence dans la gestion des affaires publiques», rapportent certains jeunes de la ville sur la Toile. Ainsi, «les transports en commun, les locaux de commerce et plusieurs autres institutions ont été paralysés par cette grève et les protestations continuent devant le siège de la wilaya, les protestataires demandant le départ de plusieurs hauts responsables», ajoutent les même jeunes. Il faut rappeler que Laghouat est en effervescence depuis l'affichage, le 2 janvier dernier, d'une liste de bénéficiaires de logements sociaux contestée par une partie des postulants aux logements. Cette grève générale enclenchée à Laghouat ressemble à celle initiée à la même période en 1957. A cet époque le peuple algérien avait défié le colonialisme avec ce qui est appelé la grève générale de huit jours (janvier - février 1957). Cette fois c'est le peuple qui défie son gouvernement contre le ras-le-bol des jeunes qui ne voient aucun avenir se profiler à l'horizon. Le pire dans cette histoire est que cela pourrait être «l'hiver algérien» qui s'annonce...Les commentaires qui circulent sur la Toile le laissent présager en tout cas. Le pays l'avait échappé belle l'année derrière à la même période. Mais les autorités n'ont pas appris des erreurs du passé. En un an de révoltes sociales rien n'a changé et l'Anseg risque de ne plus faire effet...Alors, comme on dit «Allah Yestar».
Les jeunes chômeurs paralysent les activités de GTP
La base résidentielle de GTP à Hassi-R’mel ainsi que le siège de la direction régionale sont toujours fermés par des jeunes chômeurs qui exigent des postes de travail.
Des centaines de travailleurs de l’entreprise sont pris en otage, ne pouvant ni sortir, ni aller travailler, ni prendre leur congé alors que les camions frigorifiques assurant l’approvisionnement des cantines ont été empêchés eux aussi d’accéder à la base. C’est la paralysie totale, nous a affirmé un travailleur hier joint par téléphone. “Les équipes de travail sont clouées, des travailleurs privés de leur congé, des centaines de véhicules immobilisés et cela dure depuis quatre jours”, a-t-il encore précisé. Selon nos informations, la base résidentielle où sont logés des dizaines de travailleurs de l’entreprise a été fermée depuis mardi par des centaines de jeunes qui se sont massés tôt le matin devant l’accès principal et ont fermé tous les accès empêchant tout mouvement des travailleurs.
La situation a empiré hier lorsque d’autres jeunes ont fermé le siège de l’entreprise empêchant ainsi le personnel d’y accéder. Les responsables de l’entreprise et de nombreux élus locaux, y compris le commissaire principal de Hassi-R’mel se sont déplacés sur les lieux pour les dissuader, mais en vain.
Les manifestants, qui dénonçaient la marginalisation des jeunes du Sud, ont exigé des engagements de la part des responsables ainsi que 150 emplois. Mais les jeunes ont poursuivi hier encore leur action pour exprimer leur désarroi face à ce qu’ils considèrent comme de “la hogra et l’exclusion”. Issus des couches sociales les plus défavorisées, les chômeurs dont la plupart ne possèdent pas de diplômes ont ouvertement critiqué la manière dont sont gérés les recrutements au niveau de GTP et des autres entreprises pétrolières. C’est la deuxième fois en l’espace d’un mois que les jeunes touareg s’en prennent aux activités de cette entreprise pour sommer les responsables à respecter les engagements des pouvoirs publics.
Sit-in des adjoints de l'éducation: Plusieurs manifestants interpellés à Alger
par Salah-Eddine K.
Certaines wilayas à l’instar de Djelfa, Mila et Béjaia ont enregistré un taux de suivi égalant 100%.
Contacté par nos sois, M.Ait Hamouda, porte parole du Snte a estimé que ce mouvement de grève devra susciter une meilleure participation des travailleurs dans les jours qui suivent.
Notre interlocuteur a toutefois noté que des dépassements ont été notés dans certaines wilayas en ce premier jour de grève. Il cite la wilaya de Mila ou des directeurs d’établissements ont eu des comportements non acceptables envers les grévistes. « On a même signalé des rixes dans certains cas », a-t-il précisé.
M.Ait Hamouda s’est par ailleurs félicité de la solidarité affichée par certains enseignants de la wilaya de Béjaia avec cette catégorie professionnelle tant de fois « lésée ».
« Si durant cette période n’est fait nous allons tenir une réunion pour décider de la suite à donner », a-t-il conclu. Est préconisé pour l’instant l’organisation d’une marche dans la capitale des corps communs, au nombre de 120 000.
Et prévu pour mercredi prochain des sit-in au niveau des directions de l’éducation des différentes wilayas.
Il est à rappeler que la grève de ces corps communs affiliés au Snte intervient après celle tenue, il y a quelques jours, par les camarades de l’Unpef.