Tunisie-France-Immigration : La « générosité » limitée de la France : 7 mai 2011

Publié le par printempsdespeuples44

Par : Hassen Zenati

DR Harragas, des hommes à traiter comme tous les autres hommes, avec dignité.

    Le Premier ministre français François Fillon a confirmé la politique de fermeté menée à l'égard des migrants tunisiens par son ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, en affirmant que "la générosité" de la France n'était "pas inépuisable" et que son gouvernement devait "faire respecter les lois".  

    "Je dis calmement et fermement, en étant empreint des convictions humanistes qui sont à l'origine de mon engagement en politique, que le gouvernement a le devoir de faire respecter les lois de la République. Ceci est valable pour ces milliers de Tunisiens qui se tournent vers notre pays alors même que la jeune démocratie tunisienne a besoin d'eux. Je mesure leur détresse (...) mais la France a des lois et la générosité de notre pays n'est pas inépuisable", a-t-il dit dans un discours à Toul (est de la France) pour lancer la campagne pour un second quinquennat de Nicolas Sarkozy.  

    C’est la réponse indirecte de M. Fillon aux dizaines d'élus, de responsables syndicaux et d'associations qui avaient appelé le gouvernement français à "cesser les interventions policières" contre les migrants tunisiens et à apporter "une réponse digne et responsable à la question tunisienne". C'est aussi une réponse à la démarche de l'opposant démocrate tunisien Mustafa Ben Jaafar, venu à Paris remettre une lettre au président Nicolas Sarkozy dénonçant le "traitement indigne" réservé aux migrants tunisiens.

     Depuis la fuite du président Ben Ali en janvier dernier, plus de 20 000 Tunisiens ont gagné l'île italienne de Lampedusa à bord de rafiots, à leurs risques et périls. Ils veulent pour la plupart se rendre en France, où ils ont de la famille et comptent  chercher du travail. Paris a adopté une politique de fermeté à leur égard, multipliant les opérations policières et les reconduites aux frontières. Mercredi, une centaine de Tunisiens arrivés d'Italie ont ainsi été placés en garde à vue pour infraction à la législation sur le séjour, après leur évacuation d'un immeuble insalubre qu'ils occupaient à Paris.

     Cet afflux inhabituel de « harragas » tunisiens est au centre d’une controverse sur le contrôle des frontières extérieures de l’Union Européenne entre Paris et Rome. L’Italie a décidé d’octroyer des permis de séjour de six mois aux jeunes Tunisiens déferlant sur ses côtes depuis janvier 2011, leur permettant de circuler librement dans l’espace Schengen, mais Paris a estimé qu’il s’agissait d’un détournement de procédure et plaide depuis pour une révision des clauses de sauvegarde prévues par l’accord européen dans des situations particulières.

    La présentation des passeports ou cartes d’identité n’est plus exigée au franchissement d’une frontière intérieure entre les États européens faisant partie de l’« espace Schengen ». Cet espace sans frontière concerne 400 millions d’habitants couvrant l’Union européenne, à l’exception du Royaume-Uni, de l’Irlande, de la Roumanie, de la Bulgarie et de Chypre.

    Après la chute du régime de Ben Ali, le ministère français de l’Intérieur affirme avoir interpellé plus de 2 500 « sans-papiers » tunisiens, dont les deux tiers ont été renvoyés en Italie, mais la donne a changé depuis que l’Italie a décidé de régulariser les « harraguas » en escale à Lampedusa. Les nouveaux arrivants sont en effet en droit de se rendre en France pour un séjour de trois mois, à condition de justifier de moyens d’existence, évalués à environ 100 euros par jour par Paris.

    Pour inciter les migrants à rester dans leurs pays d’origine, l’UE envisage à un soutien à leur économie. Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a souhaité que la Banque européenne d’investissement (BEI) lance des financements à long terme à hauteur de 10 milliards d’euros. Mais ces promesses ne sont pas près de se concrétiser, alors que la situation de l’emploi dans les pays du sud de la Méditerranée ne cesse de se dégrader.

 

Publié dans France

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