Tunisie : Des partis politiques condamnent les derniers évènements dans le pays 19.07.11

Publié le par printempsdespeuples44

 Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur,  le couvre-feu a été décrété à Menzel Bourguiba. Il entrera en vigueur à partir de ce soir, mardi 19 juillet 2011, de 22h à 5h du matin.

 

Suite aux incident du samedi 16 juillet à Menzel Bourguiba la police a procédé à une opération de  ratissage dans la nuit du lundi au mardi 19 juillet 2011, notamment à la cité Ennajah,  cette opération a abouti à l’arrestation de dizaines de personnes suspectées d’avoir participé aux actes de violence. Des témoins oculaires ont fait état de tirs nourris et de gaz lacrymogènes. Des habitants  la ville de Menzel Bourguiba ont installé des barrages ce matin du mardi 19 juillet  pour bloquer les voies d’entrée à la ville en utilisant des pneumatiques enflammés et des pierres. L’activité commerciale est quant à elle complètement paralysée dans la ville.

 

Des partis politiques et des organisations de la société civile ont condamné les actes de violence connus, ces derniers jours, par des régions du pays. Ils ont fait part, dans des communiqués, rendus publics lundi, de leur refus de tout ce qui est de nature à menacer la stabilité et la sécurité du pays.

Le parti « Al Wifak Al Joumhouri » a appelé tous les Tunisiens à faire preuve de vigilance face au danger que représente ces derniers événements qui, a-t-il souligné, constituent une menace directe et franche pour l’unité nationale et pour les intérêts politiques et économiques du pays.

« Al Wifak » précise que deux points devraient être analysés pour cerner la réalité de la situation. Le premier est que ces troubles se sont déroulés dans dix différentes zones sur le territoire tunisien, considérant cela comme étant une preuve claire de la coordination et de l’organisation, ainsi que de l’existence d’une partie bien déterminée qui manipule ces groupes. Le deuxième point concerne le recours de ces parties aux armes ce qui reflète leur intention de poursuivre l’escalade.

Le parti souligne, d’autre part, le refus de l’ensemble des Tunisiens de permettre que l’on se joue des intérêts supérieurs de la nation, ce qui s’est reflété, en particulier, à travers le soutien apporté par les citoyens aux forces de sécurité et à l’armée nationales, lors des événements de la Kasbah 3. Il appelle, à cet effet, à un surcroît de vigilance pour faire face aux menaces qui guettent le pays.

Pour sa part, le Parti d’avant-garde arabe démocratique souligne que la situation actuelle du pays ne sert pas le processus de transition démocratique et la préparation des élections du 23 octobre 2011. Il fait assumer l’entière responsabilité aux partis politiques et aux personnalités qui ont brisé l’état de consensus politique au service de leurs intérêts partisans et étroits, ainsi qu’aux parties dont les positions ont été touchées et au gouvernement de transition.

Le parti réaffirme son attachement au droit de tous à la liberté d’opinion et d’expression, et à la manifestation pacifique conformément à la loi et condamne toute forme d’escalade, de violence et de répression, dénonçant la voie suspecte choisie par certaines parties.

Le Conseil national pour les libertés en Tunisie condamne, pour sa part, l’agression perpétrée contre la mosquée de la Kasbah et considère, dans son communiqué, que le procès-verbal du procureur de la République n’a pas une base légale et constitue une infraction et une atteinte à la sacralité d’un lieu de culte.

Il condamne, en outre, le recours à la torture et aux traitements humiliants contre les citoyens arrêtés, ainsi que la violence policière subie par les  contestataires, les journalistes, les citoyens, les défenseurs des droits de l’Homme et les blogueurs, ainsi que la violation du droit à la manifestation pacifique.

Un dirigeant du mouvement islamiste tunisien "Ennahdha", Me Noureddine Bhiri, a appelé lundi à éviter toute recrudescence de la tension et à adopter la voie du dialogue, après les troubles violents survenus en Tunisie ces derniers jours.

Dans un entretien téléphonique à l'Associated Press, il a considéré que son mouvement n'était pas concerné par les propos tenus dans la matinée par le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi qui a accusé "des courants extrémistes religieux", sans les nommer, d'être à l'origine de la flambée de violence qui a affecté plusieurs régions du pays.

"Nous sommes contre la violence quelle qu'en soit l'origine", a-t-il assuré, en dénonçant à la fois "la répression" des manifestants et les actes de violence perpétrés contre les institutions et les biens publics et privés.

Il a exprimé sa "solidarité" avec les manifestants agressés par les forces de l'ordre et également avec les agents de police blessés au cours des affrontements, tout en réitérant l'attachement du mouvement islamiste au "respect du droit de manifestation dans un cadre pacifique et civilisé".

"Tous les partis, y compris Ennahdha, ainsi que le gouvernement doivent conjuguer leurs efforts pour préserver l'unité de la société et mener à bon port la transition démocratique devant être scellée par des élections libres et transparentes le 23 octobre", a-t-il soutenu.

De son côté, le porte-parole du parti islamiste tunisien non reconnu "Attahrir" (Libération) Ridha Belhaj a nié toute implication de sa formation dans les violences.

"Notre credo est la discipline, et c'est nous qui avons mené la première campagne contre la violence dans laquelle certains veulent entraîner le pays", a-t-il déclaré à l'AP.

Selon le responsable d'Attahrir, une formation radicale qui prône l'application de la Chariaâ (législation islamique), M. Essebsi joue "un rôle dangereux". Il l'accuse de "pirater la volonté populaire" et d'être porteur d'un "agenda occidental, notamment français".

"Au lieu de calmer la situation, il entretient la tension", a-t-il encore accusé, en affirmant que plusieurs incidents, tels l'attaque du cinéma "Afric'Art" à Tunis où devait être projeté un film sur la laïcité, ont été "montés de toutes pièces".

La Fédération interna­tionale des droits de l’homme (FIDH), que préside la Tunisienne Souhayr Belhassen, publiera le 20 juillet un rapport dans lequel elle dénonce la persistance en Tunisie de "pratiques issues du passé" qui résultent de "décisions prises en haut lieu".

La LTDH ( Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l'Homme ) a fermement condamné les actes de violence survenus ces derniers jours et les agressions contre les forces de sécurité et de l'armée nationale, appelant à la conjugaison des efforts pour mettre fin à ces actes qui menacent le processus démocratique du pays. Dans un communiqué rendu public ce mercredi, la LTDH souligne que  l'interdiction du rassemblement à la Kasbah ( Kasbah 3 ) le vendredi 15 juillet ne justifie pas les manifestations violentes qui ont causé la mort d'un enfant de 14 ans à Sidi Bouzid et fait quatre blessés graves parmi les agents de sécurité à Menzel Bourguiba, relevant la nécessité à ce que la justice prenne son cours conformément à la loi.Elle a réaffirmé son attachement au respect du droit au rassemblement et à la manifestation pacifique, exhortant toutes les parties à faire preuve de vigilance afin que ce droit ne soit pas exploité par certains pour agresser les personnes et porter atteinte aux établissements publics et privés. Rappelant son appel, le 16 juillet, à l'ouverture d'une enquête sérieuse et impartiale sur les derniers évènements et les violations contre les protestataires pacifiques et les journalistes, la LTDH revendique la libération de tous ceux qui n'ont pas participé aux actes de violence parmi les personnes arrêtées.

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