Syrie : Le CNS s’engage à garder les manifestations "pacifiques" 07.10.11

Publié le par printempsdespeuples44

 

Le chef du Conseil national syrien Bourhan Ghalioun a affirmé vendredi que l’opposition s’engage à "garder le caractère pacifique de la révolte (syrienne)" et à "faire échouer le plan du régime (de Bachar al-Assad) qui incite à la guerre civile". Le CNS, principal mouvement d'opposition, représente tout le peuple syrien, a ajouté M. Ghalioun lors d’une entrevue avec la chaîne qatari al-Jazira. "Les islamistes et toutes les autres formations jouent un rôle actif au sein du CNS, note l’ancien professeur à l’Université La Sorbonne, à Paris. Et nous travaillons tous au service de l’unité du peuple syrien."

Cette déclaration intervient alors que l’un des officiers les plus gradés à avoir déserté l’armée syrienne, le colonel Riad al-As'aad, a affirmé à Reuters que le président Assad doit être renversé par la force. Le colonel al-As’aad, qui dit commander un soulèvement militaire depuis la Turquie, est installé dans la province de Hatay, frontalière de la Syrie. Il vit désormais sous la protection d'Ankara mais espère repasser prochainement la frontière pour diriger la résistance armée de l'intérieur. Quinze mille hommes ont selon lui déserté pour former des unités qui tentent désormais d'empêcher les loyalistes de pénétrer dans les villes et les villages gagnés par la contestation en leur tendant des embuscades.

 

"Sans une guerre, il ne tombera pas, assure le colonel. Quiconque gouverne par la force ne peut être renversé que par la force". "Le régime a recours à de nombreuses méthodes répressives et meurtrières, je suis donc parti pour devenir le visage extérieur du commandement intérieur, parce que nous avons besoin d'un endroit sûr et qu'il n'y en a pas en Syrie", poursuit-il, d'une voix calme. "Les officiers ne viennent ici que s'il est question de vie ou de mort ou s'ils sont en grand danger (...) Parfois, ils ne restent pas longtemps et retournent en Syrie, tout dépend de la situation en terme de sécurité."

 

"Aujourd'hui, il y a eu une attaque à Djabal al-Zaoui ainsi que dans la région de Ghab et l'aviation a bombardé des civils qui avaient trouvé refuge dans les montagnes. Jusqu'ici, trois civils sont tombés en martyrs et 27 sont portés disparus. J'ai les noms des martyrs, ajoute Riad al-As'aad, présentant un document manuscrit.

 

 

Mechaal Tamo, un chef de l'opposition kurde et membre du Conseil national syrien, la principale instance de l'opposition, a été assassiné vendredi par des inconnus à son domicile à Qamichli dans le nord-est de la Syrie, ont annoncé des militants. "Quatre hommes armés et masqués se sont introduits dans la maison de Mechaal Tamo et ont ouvert le feu sur lui et son fils Marcel et une collègue", qui ont tous deux été blessés, a annoncé l'observatoire syrien des droits de l'Homme.

 

Mechaal Tamo, 53 ans, avait contribué à la création du CNS, principale coalition de l'opposition syrienne qui s'efforce de structurer la contestation contre le régime. Il avait récemment été libéré de prison après avoir purgé une peine de trois ans et demi de détention. Il avait rejeté une proposition de dialogue présentée aux partis kurdes par les autorités pour résoudre la crise qui secoue le pays depuis la mi-mars.

 

A l'annonce de sa mort, des milliers de manifestants kurdes sont descendus dans les rues de Syrie, en particulier devant l'hôpital de Qamichli, où sa dépouille a été transportée.

 

Plus tôt dans la journée, une autre figure de l’opposition a été agressée en plein centre de Damas. L'opposant et ancien député syrien Riad Seif a été hospitalisé après avoir été battu par des agents de sécurité devant la Mosquée al-Hassan, dans le quartier Midane, ont dénoncé les comités de coordination locaux (LCC), mouvement qui chapeaute les manifestants sur le terrain.

 

Les attaques de deux figures de l'opposition vendredi en Syrie signalent "une escalade" de la part du régime engagé dans la répression des manifestations, a estimé l'administration américaine.

 

Poursuite des violences

Plusieurs manifestations prodémocratie ont été signalées aujourd'hui à travers la Syrie. Ces manifestations, qui ont été violemment réprimées, étaient placées sous le slogan "le Conseil national syrien (CNS) est notre représentant". Trois civils ont été tués, dont deux par des tireurs embusqués, à Douma, et un autre à Zabadani, deux villes proches de Damas, annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé en Grande-Bretagne). Par ailleurs, "quatre civils, dont deux hommes âgés, ont été tués dans le quartier de Bab Sibaa à Homs" dans le centre de la Syrie, selon l'OSDH, qui a ajouté qu'au moins 25 autres personnes avaient été blessées dans cette ville située à 160 km au nord de Damas.

 

Des manifestations appelant à la chute du régime "ont eu lieu dans la plupart des quartiers de Homs", un des foyers de la contestation contre le régime Assad où des tirs nourris et des explosions étaient entendus dès la mi-journée, a affirmé l'OSDH.

 

En outre, les forces de sécurité ont tiré pour disperser une manifestation massive à Maaret al-Noumane, dans la région d'Idleb, près de la frontière turque, blessant cinq personnes. Elles y ont également pris d'assaut une mosquée où les manifestants s'étaient réfugiés. En dépit d'un "important déploiement d'agents de sécurité et de l'arrivée de renforts", les manifestants sont sortis de plusieurs mosquées appelant à la chute du régime et exprimant leur soutien au CNS, principal mouvement d'opposition. Des militants ont également rapporté sur la page Facebook de l’opposition SNN que les forces de sécurité ont attaqué des mosquées dans plusieurs villes, dont Lattaquié, Amouda, al-Kadam, Sakba et Banias. L’imam de la mosquée Omar ben Khattab, à Moadamiyat ach-Cham, près de Damas, aurait été arrêté, selon des témoins cités par la chaîne qatarie al-Jazira.

 

A Deir Ezzor (est), les tirs de balles résonnaient dans plusieurs rues où des centaines de manifestants étaient sortis après la prière musulmane hebdomadaire. D’autres manifestations ont été signalées à Hassaké, Deraa et Arbine. Des opposants ont également rapporté que des inconnus ont attaqué l'opposant et ancien député syrien Riad Seif, à Damas. Ce dernier a été hospitalisé en raison de ses blessures, a indiqué la chaîne saoudienne al-Arabiya.

 

La répression du mouvement de contestation du régime du président Assad a fait, selon l'ONU, plus de 2.900 morts depuis le 15 mars en Syrie, où douze personnes ont encore été tuées jeudi dans des heurts entre soldats et déserteurs.

 

Le régime, qui conteste ces chiffres, a annoncé vendredi disposer de preuves de l’implication de "bandes terroristes" dans les violences en Syrie. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Faysal Mekdad a indiqué à Genève que Damas s'apprête à remettre à l'ONU une liste de 1.100 personnes tuées "par des terroristes". "La Syrie est en butte à des menaces terroristes", a déclaré M. Mekdad devant les 47 Etats membres du Conseil des droits de l'homme de l'ONU qui passe en revue la situation des droits fondamentaux dans ce pays à travers son Examen périodique universel (EPU). "Mon pays, au cours des sept derniers mois, a connu des menaces de guerre nombreuses: guerre médiatique, désinformation, mensonge et toutes formes de menace et de tromperie", a-t-il affirmé.

 

M. Mekdad a en revanche souligné les récentes réformes annoncées par le régime, relevant les prochaines élections municipales qui auront le 12 décembre. "Nous avons accueilli des partenaires humanitaires et le CICR... ce qui prouve que nous n'avons rien à cacher", a fait valoir le haut responsable syrien.

 

A Moscou, le président russe Dmitri Medvedev a estimé vendredi que le régime syrien devrait "partir" s'il ne menait pas les "réformes indispensables", "mais c'est au peuple et au régime syrien de décider cela, et non pas à l'Otan ou à certains pays européens". A l'avenir, la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, se prononcera "contre les tentatives à travers le Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter des sanctions visant à déboucher sur des changements de régime", a averti M. Medvedev.

 

Ces déclarations interviennent quelques jours après le veto à l'ONU de la Russie et de la Chine à un projet de résolution des Occidentaux sur la répression des manifestations en Syrie. Les pays occidentaux qui avaient présenté mardi un projet appelant à des "mesures ciblées" contre la Syrie ont dénoncé la décision de la Russie et la Chine.

 

Syrie: au moins 187 enfants tués depuis le 15 mars, selon l’ONU

Au moins 187 enfants ont été tués depuis le début de la répression en Syrie, a indiqué vendredi le Comité des droits de l'enfant de l'ONU. Le comité, qui a clos vendredi les travaux de sa 58e session, a exprimé sa "vive préoccupation au sujet de rapports réguliers, crédibles et corroborés selon lesquels de graves violations des droits des enfants ont été commises depuis le début de la révolte en mars 2011", indique le comité dans ses conclusions. Il cite ainsi "des arrestations arbitraires, des assassinats d'enfants durant des manifestations, des actes de torture et des mauvais traitement".

Dans ses conclusions, le Comité demande aux autorités syriennes de prendre des "mesures immédiates pour stopper l'utilisation excessive et meurtrière de la force à l'encontre des civils et de prévenir toute nouvelle violence à l'égard des enfants".

 

La répression du mouvement de contestation a fait, selon l'ONU, plus de 2.900 morts depuis le 15 mars en Syrie.

 

 

 

Publié dans Syrie

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