Maroc : Al Adl Wal Ihsane annonce son retrait du Mouvement du 20 Février 20.12.11

Publié le par printempsdespeuples44

 Le mouvement islamiste Justice et bienfaisance (Al Adl Wal Ihsan), a annoncé lundi avoir décidé de mettre un terme à son appartenance au Mouvement du 20 février.

 

Al Adl Wal Ihsan a pris cette décision "en raison des attaques dont il fait l'objet de la part de certains jeunes" contestataires. En effet, le Mouvement du 20 février a vu des des dissensions entre islamistes radicaux et réformateurs laïcs, ce qui a donné lieu au retrait des islamistes. "Certains parmi les jeunes du 20 février diffusent des idées et des rumeurs qui asphyxient le climat au sein du Mouvement démocratique dans son ensemble, en mettant des limites à nos revendications", déclare Justice et bienfaisance dans un communiqué

"Nous voulons agir dans un mouvement qui aspire à un véritable changement et non un mouvement qui exploite la colère populaire", rapporte Maghrebemergent.com.

Ce retrait des islamistes radicaux laisse un Mouvement du 20 février constitué, uniquement, des contestataires laïcs. Le mouvement revient, ainsi, à la case départ, sans pour autant de cesser les contestations qui demandent "une monarchie parlementaire" s'inspirant du modèle espagnol laïc. 

 

Entre l'association Justice et bienfaisance - Al Adl Wal Ihsane - et le Mouvement du 20 Février, le divorce est consommé. C'est un communiqué de la Jamaâ qui l'a annoncé ce lundi, évoquant des “attaques” dont il ferait l'objet de la part de certains membres du M20. Ce divorce intervient à deux mois du premier anniversaire de la naissance du 20 Février.

 

Le Mouvement contestataire du 20 Février fêtera le premier anniversaire de sa naissance - intervenue il y a un peu moins d'un an dans le sillage du printemps arabe - sans l'une de sa “composante essentielle”, à savoir le mouvement Al adl Wal Ihsane.

Alors qu'il avait adhéré au M20 dès le début de la contestation, Al Adl vient en effet d'annoncer qu'il mettait un terme à son compagnonnage avec ce dernier.

Pourtant, dans un entretien qu'il nous avait accordé il y a quelques jours, le porte-parole d'Al Adl Wal Ihsane, Fathallah Arsalane avait déclaré: “Al Adl Wal Ihsane est une composante essentielle du Mouvement du 20 Février, et nous allons continuer à protester ensemble dans la rue. Et au cas où ce dernier déciderait de ne pas sortir ainsi que les autres partis, nous nous conformerons à cette décision”.

Des dissensions profondes

Mais entre-temps, Al Adl et ses ouailles se seraient aperçus qu'ils ne pouvaient plus composer avec les jeunes protestataires, “en raison des attaques dont nous faisons l'objet de la part de certains membres du 20 février”, explique la Jamaâ dans un communiqué.

“Certains parmi les jeunes du 20 février diffusent des idées et des rumeurs qui asphyxient le climat au sein du Mouvement démocratique dans son ensemble, en mettant des limites à nos revendications. Nous voulons agir dans un mouvement qui aspire à un véritable changement et non un mouvement qui exploite la colère populaire.”

Al Adl Wal Ihsane, dans un communiqué cité par l'Agence France Presse.

Joint au téléphone à ce propos, Najib Chaouki, l'un des leaders du Mouvement du 20 février, nous a déclaré qu'il respectait la “décision souveraine” d'Al Adl, se refusant de parler d'ostracisme à l'égard des islamistes.

“Le 20 février appartient à tous les Marocains épris de justice, qui refusent la hogra et qui revendiquent la dignité. Al Adl manifeste avec nous dans le cadre de notre plateforme, il ne nous a jamais imposé ses principes.”

Najib Chaouki.

Une issue attendue

Certes, personne ne voulait prédire exactement quand le divorce entre le mouvement de Cheikh Yassine et le 20 février allait intervenir, mais il est clair que cette issue ne constitue pas du tout une surprise.

En effet, alors que les autorités ne cessaient d'accuser régulièrement Al Adl Wal Ihsane de “noyauter” et de “manipuler” les jeunes du 20 février, la section de Rabat du M20 avait élaboré fin septembre dernier un document interne dans lequel elle énumérait un certain nombre d'éléments qui handicaperaient selon elle le mouvement.

Parmi les principaux handicaps qui ont été relevés, “une faiblesse de la mobilisation au niveau des quartiers, faiblesse du soutien réel des syndicats, associations et autres entités” et, surtout, la composition hétéroclite - avec des islamistes et des gauchistes - du 20 Février.

“Le mouvement n'atteindra sa maturité que lorsqu'il inclura le citoyen lambda. Quand les gens entendent qu'une partie du mouvement est constituée d'islamistes fanatiques et de fanatiques communistes, ils ont peur.”

Fouad Abdelmoumni, membre du mouvement, dans un précédent entretien à l'AFP.

Il s'y ajoute que les membres du Mouvement n'ont visiblement pas les mêmes objectifs. En témoignent par exemple les disputes notées entre différentes “factions” du M20, lors de la marche organisée ce dimanche à Casablanca en présence de quelque 2000 personnes selon notre photo-reporter présent sur place...

Par ailleurs, beaucoup parmi les jeunes contestataires appellent “à réécrire la plateforme du mouvement pour la rendre plus simple et plus claire”...

C'est peut-être l'unique planche de salut du Mouvement!

Bassirou BA

Publié dans Maroc

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