Hommes politiques et intellectuels pour la reconnaissance par la France des massacres comme crimes d’Etat 13.10.11

Publié le par printempsdespeuples44

PARIS - Des personnalités politiques, des militants des droits de l’homme et hommes des médias, ont appelé lundi soir à la reconnaissance comme un "crime d’Etat" par les plus hautes autorités de la République française, des massacres commis par la police parisienne, le 17 octobre 1961.

Intervenant lors de la soirée de lancement des manifestations marquant la commémoration du cinquantenaire des massacres commis par la police française contre des milliers d’Algériens sortis manifester pacifiquement contre le couvre-feu discriminatoire qui leur a été imposé, le sénateur du groupe socialiste David Assouline est longuement revenu sur le long combat qui est mené pour une reconnaissance officielle de ces massacres, même si ce combat, a-t-il dit, "demeure inachevé".

Il a alors rappelé les discussions qu’il a menées il y a dix dans l’hémicycle du Conseil de Paris "avec en face une droite qui a été très dure dans le débat" pour arriver à l’adoption de l’initiative consistant à apposer une plaque commémorative des massacres du 17 octobre 1961 sur le pont Saint-Michel, soulignant qu’il "entend sous peu introduire au Sénat une demande de reconnaissance par l’Etat français de ces massacres comme crime d’Etat".

Mouloud Aounit, président d’honneur du Mrap, a souligné dans son intervention qu’"il faut appeler les choses par leur non même si elles dérangent", et que ce qui s’est passé le 17 octobre 1961 est "un massacre, un crime raciste collectif perpétré par des autorités françaises et qu’on ne peut occulter".

Il a souligné aussi toutes les initiatives prévues pour commémorer ces massacres, à l’initiative du site d’information Mediapart, de l’association "Au nom de la mémoire et du collectif 17 octobre 1961", estimant qu’amener à les reconnaître comme crime d’Etat "participe du principe de combler le terrible trou de mémoire qui prévaut au sein de l’opinion française et redonner de la dignité aux victimes et leurs familles".

"C’est grâce à la mobilisation citoyenne que le débat sur cette question a évolué", a-t-il dit, rappelant dans ce contexte "les gigantesques actions menées par J.-L. Einaudi qui, par l’intermédiaire de la justice, a permis de reconnaître qu’il y a bien eu massacre le 17 octobre 1961".

"Par ces initiatives, nous voulons empêcher l’oubli mais, en même temps, être sur une démarche constructive d’une mémoire de solidarité", a-t-il dit, ajoutant que ce travail de mémoire "participe aussi à renforcer l’identité historique de la communauté algérienne dans toutes ses composantes".

"Il s’agit de faire en sorte que se construise une convivialité entre le peuple français et le peuple algérien d’où l’importance de cette revendication cardinale qui est de faire reconnaître officiellement que le 17 octobre 1961, il y a eu un crime collectif et raciste commis en plein Paris", a-t-il ajouté.

"Les archives doivent être ouvertes aux historiens et la reconnaissance de ce crime doit être faite par l’Etat. C’est absolument nécessaire car la connaissance et la conscience que nous avons de ce qui s’est passé ce jour-là entraîne des effets de culpabilité qui me semble être l’une des causes de l’islamophobie à laquelle nous assistons et qui envahit cette société depuis un certain temps", dira pour sa part, Daniel Mermet, journaliste, écrivain et fervent défenseur de la cause algérienne.

L’Etat français doit "assumer sa responsabilité dans les massacres commis, tout comme il est important aussi de lutter contre ce retour de l’éloge du colonialisme", a-t-il poursuivi.

Pour Nacer Kettane, directeur général de Beur TV et PDG de Beur FM, la reconnaissance de ces massacres comme crime d’Etat "doit être faite par des gens courageux", soulignant que "l’alternance au pouvoir qui interviendrait en 2012 serait l’occasion de le faire".

Edwy Plenel, journaliste, cofondateur du journal en lige Mediapart a relevé pour sa part que la manifestation non violente du 17 octobre 1961 "est une protestation contre une question qui est toujours d’actualité et qui peut toujours revenir".

"Quand on entend aujourd’hui des discours qui discriminent nos compatriotes de culture musulmane, l’identité arabe, les Français d’origine étrangère, quand on arrive à faire le tri dans le discours, on peut faire le tri autrement aussi", a-t-il averti, affirmant que le massacre commis en cette date "est le plus grave commis depuis la commune de Paris". Il a souligné qu’à cette date "on n’a pas seulement massacré le colonisé mais aussi l’ouvrier, qui est au cœur de notre histoire, car notre histoire ouvrière a toujours été nourrie de l’histoire de l’immigration".

A cette occasion, Edwy Plenel a lancé, au nom de Médiapart et de l’association "Au nom de la mémoire" et du "Collectif du 17octobre 1961", un appel pour la reconnaissance officielle de la tragédie du 17 octobre 1961 à Paris.

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