Egypte : réactions mitigées face à l'annonce d'un remaniement 18.07.11

Publié le par printempsdespeuples44

 

L'investiture d'un gouvernement égyptien remanié attendue lundi a été reportée de 24 heures, traduisant les difficiles tractations menées sous la pression de manifestants qui estiment la valse ministérielle envisagée insuffisante.

 

M. Sharaf a soumis la nouvelle liste des ministres à l'approbation du Conseil suprême des forces armées au pouvoir. Ils seront investis lundi davant le président du conseil, Hussein Tantawi.

Mohamed Kamel Amr a été nommé tard dimanche nouveau ministre des Affaires étrangères pour remplacer Mohammed el-Orabi, qui est resté moins d'un mois à son poste. Amr travaillait auparavant comme ambassadeur égyptien aux Emirats arabes unis, puis dans la Banque mondiale.

Hazem el-Beblawi, un économiste renommé de 75 ans, a été désigné ministre de Finances et vice-Premier ministre chargé des affaires économiques. M. Beblawi était conseillé du Fonds monétaire arabe basé à Abou Dhabi depuis 2001.

Ali el-Selmi, un dirigeant du parti Wafd, a été nommé samedi vice-Premier ministre chargé de la transition démocratique.

Les nouveaux ministres des Transports, des Antiquités, de l'Aviation civile, des Communications et des Technologies de l'Information, de l'Education supérieure, du Commerce et de l'Industrie, du Développement local, de l'Agriculture et de la Production militaire ont aussi été nommés.

Ce vaste remaniement fait partie des mesures récentes afin de satisfaire les demandes des manifestants. Le ministre des Affaires étrangères Mohamed el-Orabi, le ministre du Commerce et de l'Industrie Samir el-Sayyard, le vice-Premier ministre Yehia el-Gamal et d'autres ministres ont remis leur démission avant le remaniement.

Cependant, les ministres de l'Intérieur, de la Justice, de la Culture et de l'Information n'ont pour l'heure pas été impliqués dans le remaniement.

REPONSES MITIGEES

Le remaniement a provoqué des réactions mitigées des internautes égyptiens. Sur la page Facebook de M. Sharaf, il semble y avoir plus de remarques contre le remaniement qu'en faveur de celui-ci.

"Nous voulons que la jeunesse révolutionnaire prenne part au nouveau gouvernement en tant que parlementaires ou ministres, nous voulons des gens propres, nous voulons un gouvernement qui puisse répondre davantage à la voix de la rue" a indiqué Amany Fattah.

" Les Egyptiens ont désespérément besoin d'une vraie réforme" a indiqué un autre internaute, Abd Elnaby Farag.

De nombreux utilisateurs de Facebook exhortent les ministres de l'Intérieur et de la Justice à quitter leurs postes.

"Comment concevoir que des gens qui sont restés pendant 20 ans dans cette bauge corrompue [des gouvernements corrompus] soient désignés comme nos nouveaux ministres " indique un commentaire laissé par Abd el-Naby Ahmed.

Pourtant, des citoyens ont manifesté leur soutien à ce remaniement.

" Pour le Premier ministre, vous ne pouvez pas plaire à tous les Egyptiens", a écrit Emad Moustafa.

Muhammed Anbr a déclaré que le changement de ministre du Développement local était une très bonne étape, car ce ministère menace des valeurs majeures de la révolution comme la liberté, l'intégrité et la justice sociale.

AVENIR PRÉCAIRE

Depuis le 8 juillet, les protestations ont continué sur la place Tharir au Caire et sur des places publiques à Alexandrie et à Suez. Les demandes élémentaires comprennent un procès rapide et publique de M. Moubarak et de ses aides, une purge dans la police et les fonctionnaires de l'ancien régime des éléments accusés d'avoir assassiné des manifestants et une compensation pour leur mort dans les manifestations massives qui ont détrôné Hosni Moubarak le 11 février. Le ministère de l'Intérieur a annoncé le 13 juillet le renvoi de 669 officiers de police pour leur rôle dans la répression des manifestations. Des dizaines d'entre eux risquent un procès.

Le Conseil suprême des forces armées actuellement au pouvoir a décidé de reporter les élections législatives de septembre à octobre ou novembre. L'armée a déclaré samedi que les procès de civils dans des tribunaux militaires seraient limités aux viols et aux attaques armées et contre la police. La fin des procès de civils devant des tribunaux militaires est également une revendication de base des manifestants.

Il y a eu des divergences d'opinions concernant les demandes des groupes de jeunes et la pertinence de continuer ou non à manifester. Des jeunes activistes sur la place Tahrir insistent ainsi pour continuer leur sit-in jusqu'à ce que toutes leurs demandes soient satisfaites.

Des manifestants ont demandé le départ de M. Sharaf, grand procureur et ministre de la Justice. D'autres ont appelé à donner une autre chance à M. Sharaf.

Les jeunes manifestants ont aussi demandé la fin du ministère de l'Information, qui a été récemment réinstauré provisoirement

Les analystes doutent que le remaniement calmera les protestants et mettra un terme au sit-in qui dure depuis le 8 juillet.

L'actuel gouvernement a été formé début mars après la chute de Moubarak. M. Sharaf était alors soutenu par les groupes de jeunesse qui croyaient qu'il allait combler leurs aspirations.

Les manifestations sont devenues courantes en Egypte depuis février, donnant à l'extérieur une impression d'instabilité dans le pays arabe le plus peuplé. Le tourisme et les investissements dans le pays ont été touchés suite à des craintes en matière de sécurité. La croissance économique est confrontée à une chute vertigineuse.

 

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