Des migrants tunisiens occupent un immeuble à Paris 02.05.11

Publié le par printempsdespeuples44

Le collectif des Tunisiens de Lampedusa a investi un immeuble appartenant à la mairie de Paris, dans le 19e arrondissement de la capitale.

Le collectif des Tunisiens de Lampedusa a investi un immeuble appartenant à la mairie de Paris, dans le 19e arrondissement de la capitale.Le Monde.fr/Ilan Caro

 

Une large banderole barre la façade du 51, avenue Bolivar au bas des Buttes Chaumont dans le 19e arrondissement de Paris : "Ni police ni charité. Un lieu pour s'organiser". Fatigués, "les Tunisiens de Lampedusa à Paris", comme ils se présentent, y ont posé leur baluchon. Interpellés ou évacués de la porte de la Villette par les forces de l'ordre mercredi 27 avril, ces réfugiés squattent maintenant cet immeuble vide de la Mairie de Paris en espérant une solution pérenne.

Ce n'est pas la première fois que ce bâtiment est occupé. Mi-avril, le collectif Jeudi noir l'avait investi pendant quelques jours avant de quitter les lieux pour des raisons de sécurité. Quelques semaines plus tard, l'adresse est glissée au collectif des exclus de Lampedusa qui, guidés par des militants français, s'y sont introduits dans la nuit du dimanche 1er au lundi 2 mai.

"LES MOYENS PAS À LA HAUTEUR DE LA SITUATION"

Le 26 avril dernier, le maire de Paris, Bertrand Delanoë s'était pourtant engagé à missionner les associations France terre d'asile et Emmaüs, afin de "mettre en place des dispositifs de soutien et d'accompagnement social et sanitaire, mais aussi d'accès à des hébergements hôteliers." Ils sont encore néanmoins des centaines de migrants sans abri dans le nord-est de Paris. "L'action de France terre d'asile concerne essentiellement les mineurs", explique Yves Contassot conseiller de Paris écologiste.

"Les moyens mis en œuvre ne sont pas à la hauteur de la situation" poursuit Sylvain Garel président du groupe Europe Ecologie-Les Verts au conseil de Paris. Pour plusieurs dizaines d'entre-eux, la situation n'a pas évolué. "Nous voulons juste un endroit à l'abri où dormir", souligne un jeune homme, originaire de Zarzis. Cela fait des semaines que nous dormons dehors, sans ressources, sans soutien."

"C'est la responsabilité de l'Etat" rappelle Pascale Boistard adjointe PS au maire de Paris en charge de l'intégration. "Toutefois, nous avons débloqué 100 places d'hôtel depuis 5 jours. Nous en trouverons 20 à 30 de plus dès la nuit du 2 au 3 mai et parallèlement nous cherchons un endroit susceptible de permettre à 80 d'entre eux de trouver refuge." Quelques nouvelles places qui laisseront toutefois cette nuit dans les rues parisiennes des centaines jeunes tunisiens migrants . "Ils ne doivent pas demeurer dans ce bâtiment qui a été déclaré en péril. C'est dangereux", met en garde l'adjointe au maire.

LES MIGRANTS REDOUTENT UNE NOUVELLE INTERVENTION DE LA POLICE

Barricadés derrière la porte du 51 avenue Bolivar, migrants et militants refusent de se disperser et crient aux dizaines de policiers dépêchés sur place de "dégager". Ils craignent par dessus tout une nouvelle intervention policière. Certains reconnaissent par ailleurs ne pas être en règle et ne pas être en mesure de présenter un visa Schengen.

 

Durant plusieurs heures, la police a bloqué l'accès du bâtiment occupé par les migrants tunisiens.

Durant plusieurs heures, la police a bloqué l'accès du bâtiment occupé par les migrants tunisiens.Le Monde.fr/Ilan Caro

 

Afin de dissuader la préfecture de police d'une nouvelle intervention des forces de l'ordre, le collectif des Tunisiens de Lampedusa appelle les Parisiens, dans un communiqué à venir soutenir les migrants devant cet immeuble du 19e arrondissement. Une inquiétude partagée par l'exécutif municipal qui voit dans les interventions policières à l'encontre des migrants tunisiens à Paris "l'illustration de la politique nationale."

"Bertrand Delanoë craint que s'il met à disposition un lieu d'accueil général pour la majorité des nouveaux migrants, la police profite de cette concentration pour opérer une intervention massive et arrêter tout le monde, explique Yves Contassot. "Il ne veut pas être celui qui, malgré lui, aura tendu un piège aux Tunisiens."

Eric Nunès

 

 

 

A Paris, les immigrés tunisiens ne veulent « ni police, ni charité »

Par Elodie Calas 

 

Il sont 300, 400, sans doute plus. Ces Tunisiens, immigrés en France après la Révolution de jasmin, tentent de survivre en région parisienne. Ils ont investi lundi un bâtiment de la mairie de Paris, 51 avenue Simon Bolivar, pour ne pas être oubliés.
« Circuler et vivre librement ! » Omeyya Sedik, porte-parole du collectif des Tunisiens de Lampedusa à Paris, justifie l'occupation des lieux par une centaine de Tunisiens, évacués de la porte de la Villette par les forces de l'ordre le 29 avril :

« Nous demandons un logement pour permettre aux Tunisiens de vivre dans des conditions correctes, sans être dispersés, pour que l'on puisse organiser ensemble leur demande de papiers. Nous voulons que la mairie s'engage à prendre des mesures de protection exceptionnelle. »

Les Parisiens au soutien des Tunisiens

Sur place, une trentaine de personnes, sensibles à l'appel lancé par le collectif sont venues apporter leur soutien. Naïma Zoltan, « citoyenne comme une autre », fait partie du petit groupe :

« Il n'y avait pas de question à se poser, c'est une espèce d'évidence. Il se passe beaucoup de choses dans le monde arabe depuis le début de l'année. Aujourd'hui, il y en a qui arrivent ici et qui demandent à être soutenus. Il n'y a aucune raison pour ne pas les accueillir et ne pas leur trouver un lieu où se retrouver en attendant autre chose de mieux. »
Des tensions sont apparues en cours de journée entre les forces de l'ordre et manifestants qui tentaient d'envoyer de la nourriture aux Tunisiens par les fenêtres du bâtiment. Un périmètre de sécurité a été aménagé autour de celui-ci, tenant tout manifestant à distance du collectif.

Refusant « la charité et la police », les Tunisiens barricadés dans le bâtiment du XIXe arrondissement ont rencontré une délégation de la mairie de Paris, mais refuse encore aujourd'hui de quitter les lieux sans solution pour l'ensemble du groupe.

La mairie de Paris débloque 100 000 euros

Pascale Boistard, adjointe au maire de Paris en charge de l'Intégration et des Etrangers non communautaires, cherche une solution. La priorité pour l'élue : mettre en sécurité les occupants du bâtiment inoccupé et dangereux.

« Depuis mardi 26 avril, la mairie a lancé un plan d'urgence qui consiste mandater deux association, France Terre d'asile et Emmaüs avec une enveloppe de 100 000 euros, pour permettre la mise à l'abri le soir des personnes qui couchent dehors.
Nous avons trouvé 30 places supplémentaires pour compléter le dispositif existant. Ce n'est pas suffisant pour eux, nous continuons à faire de nouvelles propositions. »

La mairie de Paris se dit concernée par le sort des Tunisiens réfugiés sur le sol français, et ce « même si l'Etat a fait savoir qu'il ne comptait pas prendre ses responsabilités ».

Côté association, les efforts se multiplient. Maraudes pour repérer les personnes les plus vulnérables, dialogues avec celles qui ont un projet de retour dans leur pays, possibilités de logement temporaire… France Terre d'Asile espère d'ici quelques jours étendre le dispositif commun avec Emmaüs à de nouvelles personnes.

« Comme si on s'amusait à risquer sa vie plusieurs fois ! »

Pierre Henry, directeur général de l'association, dénonce « la seule réponse policière, qui ne règle en rien les problèmes d'immigration à Tunis ». Selon lui, un nombre significatif de Tunisiens seraient prêts à repartir dans leur pays. Il s'indigne à ce sujet de l'argumentaire de l'Etat qui refuse d'augmenter les sommes offertes aux personnes prêtes à repartir :

« L'Etat pense que si un certain nombre de personnes sont venues une fois en France, elles reviendront. Comme si on s'amusait à risquer sa vie plusieurs fois ! »

Pour le ministère de l'Immigration, la politique est la même pour tous les immigrés, tunisiens ou pas :

« Pour que ces personnes puissent régulariser leur situation, il faut qu'elles aient un document de voyage et les ressources suffisantes pour pouvoir vivre sur le territoire français. »

Pour les autres ? « Il y aura une reconduite à la frontière. »

Les récalcitrants échapperont dans tous les cas à la prison : la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a rendu un arrêt  le 28 avril interdisant l'emprisonnement des immigrés clandestins au seul titre qu'ils ne respectent pas leur arrêté d'expulsion.

 

130 réfugiés tunisiens occupent un immeuble vide à Paris et refusent de le quitter !!!

130 réfugiés tunisiens, pour la plupart passés par l'Italie, ont investi depuis le 1er mai un immeuble vide dans le 19ème arrondissement, refusant hier la proposition de la mairie de Paris de les reloger.

 

Les matelas s'entassent, la nourriture et l'eau sont portées aux fenêtres, les réfugiés tunisiens s'organisent au 51 avenue Simon Bolivar. C'est la seconde nuit que 130 migrants du Collectif des Tunisiens de Lampedusa ont passé dans ce bâtiment vide de la mairie de Paris dans le 19e arrondissement, en face du Parc des Buttes Chaumont. Déjà occupé mi-avril par le collectif Jeudi noir, l'immeuble, sous le coup d'un arrêté de mise en péril, avait été évacué rapidement pour des raisons de sécurité.

Hier, pourtant, les squatteurs, pour la majorité des jeunes, dont quelques mineurs, ont refusé la proposition de la mairie de Paris qui prévoyait le relogement de 95 personnes dans trois hôtels le soir même, puis le reste des occupants aujourd'hui avec l'aide d'Emmaüs et France Terre d'Asile. Pour Sonia Buscarini, secrétaire générale CFDT de Paris, ces murs de fortune "ne sont pas adaptés et il serait plus raisonnable de quitter les lieux rapidement."

Jusque là, les migrants occupaient en grande partie le Parc de la Villette, où certains d'entre eux sont restés malgré les interpellations du mercredi 27 avril. " Nous souhaitons mettre la mairie devant le fait accompli, martèle Willbourn, qui soutient le mouvement. Bertrand Delanoë doit comprendre que les mots ne suffisent pas." Le maire de Paris s'est alarmé le 26 avril au micro d'Europe 1 du traitement réservé aux réfugiés, qualifiant de "minable" la réaction de l'Etat sur fond de débat sur l'espace Schengen.

" Nous sommes fatigués, nous avons faim, nous voulons des papiers et la liberté, manifeste Makki, un membre du collectif. Cela fait depuis fin janvier que j'ai quitté la Tunisie sans trouver de répits." Le jeune homme, qui garde le sourire, a passé 22 heures en mer avant d'atteindre les côtes italiennes. Passé par Vintimille, il a réussi à passer la frontière en voiture jusqu'à Nice, Marseille et enfin Paris, après avoir été réexpédié lors d'une tentative avortée en train. Il vit désormais comme un SDF sur les bancs du métro ou dans des parcs d'où il est chassé régulièrement. "On n'a pas le droit de vivre ou quoi?", s'exclame-t-il lorsqu'il évoque la pression en France.

"Les migrants tunisiens découvrent avec stupeur la réalité de la France", raconte Imed, délégué du 9e collectif des sans-papiers qui assure que tout se passe bien dans le bâtiment. Pour lui, la réunion a montré la motivation des réfugiés à rester longtemps et obtenir des aides efficaces. "Depuis qu'ils sont arrivés, il y a de véritables rafles, dénonce Henri, un militant au milieu de la centaine de personnes présentes pour soutenir le mouvement. Ils souhaitent seulement être traités avec dignité."

 

Publié dans France

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