Algérie : Plusieurs mouvements de protestation à Béjaïa, M'sila et Alger 19.09.11

Publié le par printempsdespeuples44

 Les raisons de la colère sont multiples : routes impraticables, raccordement au réseau de distribution de gaz, indemnisation des propriétaires de terrains occupés par les projets d’intérêt public, etc. sont entre autres problèmes posés par les manifestants.

Plusieurs municipalités de la wilaya de Béjaïa ont connu des mouvements de protestation. Non en réponse au fameux appel du 17 septembre qui a fait trembler le régime. Ici les motifs touchent à la vie quotidienne des citoyens, courroucés par l'indifférence et le laissez-aller de l'administration locale. Dans la matinée d’hier, la wilaya de Béjaïa a été coupée du reste du pays. 

Ainsi, les populations de plusieurs communes ont procédé à la fermeture des RN9, 26 et 12 pour remettre sur le tapis des revendications qui remontent, pour certaines, au début des années 1990. à Tichy, les habitants des villages El-Maaden et Tassift ont fermé la RN9 reliant Béjaïa aux wilayas de Jijel et de Sétif. Ils posent un problème d’assainissement, qui empoisonne la vie des villageois, accentué par l’absence d’avaloirs et d’éclairage public. Toujours à l’est de Béjaïa, les habitants de la zaouïa de Sidi Ali Labher ont bloqué la route au niveau du pont Skala — pas loin des Quatre chemins — empêchant ainsi ceux qui viennent de la daïra d’Amizour de rejoindre le chef-lieu de wilaya. Ils réclament également des travaux d’assainissement et la réparation des routes devenues impraticables. C’est une situation qu’ils déclarent vivre depuis vingt ans. Les responsables, qui se sont rendus sur place, ont affirmé qu’un avis d’appel d’offres sera déposé demain à l’Anep. 

Un ultimatum de 21 jours

Les travaux devraient commencer après la procédure légale. Mais les manifestants ne l’entendent pas de cette oreille. “On leur accorde un délai de 21 jours. Sinon, on revient à la charge.” La route reliant Béjaïa à Alger par Akbou a été coupée au niveau de Melala, à la sortie ouest de Béjaïa. 

La wilaya de Béjaïa, a-t-on rappelé, enregistre un retard considérable dans le développement. Les routes saturées sont en très mauvais état ; les délestages d’électricité sont récurrents en été comme en hiver et le taux de raccordement au gaz est l’un des plus faibles à l’échelle nationale. Il est même loin de la moyenne nationale.

L'Etat pointé du doigt à Addekar

A Adekkar, la population a récidivé, hier matin, en fermant les sièges de l’APC et de la daïra, mais aussi de toutes les administrations déconcentrées de l’Etat, à l’instar de la recette des impôts, la poste, la DUC, etc. Ils exigent “un plan de développement conséquent de leur commune”. C’est la deuxième fois en moins d’une semaine que les habitants de cette localité ferment les sièges de ces deux institutions. La première action a été menée mardi dernier. 

Cependant, c’est l’affichage, mercredi, de la liste des 80 pré-bénéficiaires de logements sociaux qui a précipité les choses et fait monter d’un cran les tensions. Selon quelques manifestants, les listes sont entachées d’irrégularités. On parle “d’un clientélisme avéré” en citant le cas de certains pré-bénéficiaires qui sont dans le besoin. 

Les habitants de certains villages des communes de Bouhamza et de Tamokra ont bloqué, quant à eux, l’accès au barrage de Tichy Haf. Ils réclament les indemnisations de leurs terrains, qui ont servi à cet important projet. Autre mouvement social, la grève illimitée déclenchée par les travailleurs de l’Entreprise de transport urbain de la wilaya de Béjaïa. Ils réclament une augmentation de salaire de 40%, qui passe par l’élaboration d’une nouvelle grille des salaires. En deux mois de salaire, il y a eu des écarts de 3 000 DA. Ils exigent aussi le paiement de leurs primes. Le directeur de l’Etub estime que certains points, contenus dans la plate-forme de revendications, relèvent de ses prérogatives. Ce n’est pas des autres revendications, qui sont nationales, a-t-il expliqué.

La ville d’Akbou a connu aussi une effervescence particulière en début de la soirée de samedi. Des escarmouches ont été signalées dans cette localité de la vallée de la Soummam, située à quelque 80 km à l’ouest du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa. Quelques groupes de jeunes se sont regroupés, vers les coups de 18 h, à hauteur du lycée Haroun-Mohamed, non loin du commissariat de police, où ils ont incendié des pneus. Les manifestants ont lancé des pierres en direction des policiers qui n’ont néanmoins pas riposté.

 

 

Sit-in, grève de la faim et tentative de suicide: 7 000 enseignants contractuels «en instance»

 

Les enseignants contractuels ont tenu, hier, un sit-in devant le siège de l’annexe du ministère de l’Éducation à Alger, exigeant leur insertion professionnelle sans condition en s’appuyant sur le décret présidentiel du 28/03/2011 qui stipule leur recrutement direct dans le cadre des postes budgétaires.

Hamza Ouassila, une enseignante de maths à Alger- Est, a insisté sur l’application du décret présidentiel que, selon elle, la tutelle a purement ignoré.

Un autre enseignant de la wilaya d’El Oued non seulement évoque le même décret présidentiel qui stipule l’insertion de tous les contractuels d’avant le 28/03/2011 aux postes budgétaires mais s’appuit également sur les déclarations qui ont été faites par le directeur des ressources humaines du ministère de l’Éducation, Mohamed Boukhetta qui, selon lui, a expliqué le décret présidentiel, dans une interview qu’il a accordée à la télévision nationale et repris le lendemain par les différents quotidiens nationaux.

Selon toujours ce même enseignant, Mohamed Boukhetta a indiqué dans cette fameuse interview que les contractuels qui sont spécialistes dans leur matière d’enseignement seront maintenus à leur postes, cette foi-ci, avec des postesbudgétaires.

En revanche les non spécialistes seront transférés dans des postes administratifs, faute de quoi ils seront «relégués » à d’autres secteurs si besoin y est. Les enseignants protestataires attestent que seulement 18 000 dossiers sont jusqu’à présent réglés. Selon eux, la question concerne aussi des catégories comme les réservistes et les diplômés de l’École supérieure spécialisée dans la formation d’enseignants du cycle secondaire, l’ENS, et que 7000 dossiers sont toujours en instance.

En protestation depuis 14 jours, certains d’entre eux ont entamé une grève de la faim depuis cinq jours et trois se trouvent dans un état de santé grave. D’autres encore ont même tenté de se suicider sur la grande route adjacente au siège du ministère. Ce qui à engendré la psychose et la nervosité de la plupart de ces enseignants protestataires.

De son côté le directeur des ressources humaines au ministère de l’Éducation, Mohamed Boukhetta parle plutôt du recrutement direct et refuse l’emploi du mot insertion. Ce responsable a fait savoir que l’autorisation que la tutelle a reçue de la part du Premier ministre Ahmed Ouyahia après le décret présidentiel en question, précise seulement que le recrutement direct de ces enseignants contractuels se fera, cette année, sans l’obligation de passer par un concours.

En outre, Mohamed Boukhetta s’en tient quant à lui au respect de la décision interministérielle du 16/09/2009 qui exige la spécialité pour qu’un enseignant puisse prendre ses fonctions comme telle, afin de préserver la qualité de l’enseignement et l’avenir de l’école algérienne.

Dans ce contexte, il a estimé que réglement le problème des contractuels a atteint les 90,07 % de l’opération du recrutement, en dévoilant que sur les 29732 dossiers, 26621 d’entre eux sont réglés. En revanche, ce même responsable avance que seulement 2741 dossiers sont en instance parce qu’ils ne répondent pas aux normes de spécialisation.

De part et d’autres on parle des postes vacants et des élèves sans enseignants, Mohamed Boukhetta a indiqué qu’il va solliciter des heures supplémentaires aux enseignants nommés afin de combler le vide pédagogique. Quant à l’option des postes administratifs, Mohamed Boukhetta a relevé que cette décision n’est pas unilatérale et concerne tous les ministères concernés. Et d’ajouter qu’il n’y aura plus de postes de contractuels à partir de cette année.

 

Fawzi Khemili

 

La grève des communaux coïncide avec la rentrée scolaire,Les services d’état civil paralysés aujourd’hui

Ce débrayage risque sérieusement de pénaliser les citoyens qui sollicitent, en cette rentrée sociale, les services d’état civil pour se faire délivrer les documents administratifs.

 

Les travailleurs communaux reviennent à la charge. Après une accalmie qui aura duré quelques mois, les agents communaux comptent paralyser aujourd’hui les services de l’état civile, et ce, durant huit jours. L’appel a été lancé par le Conseil national du secteur des communes (Cnsc), affilié au Snapap, le 9 septembre dernier à l’issue de la réunion de son conseil national. Ce débrayage risque sérieusement de pénaliser les citoyens qui sollicitent, en cette rentrée sociale, les services d’état civil pour se faire délivrer les documents administratifs.

Le Cnsc est conscient de la chose, mais affirme ne pas avoir d’autre choix que d’observer un arrêt. La grève sera couronnée par un rassemblement des délégués syndicaux à Alger, le 26 septembre. Cet énième mouvement de protestation intervient, selon le Cnsc, en l’absence d’une réaction de la part des pouvoirs publics quant aux revendications socioprofessionnelles des travailleurs. Ali Yahia, porte-parole du Cnsc, dénonce «l’attitude méprisante du ministère de l’Intérieur qui fait la sourde oreille aux doléances des travailleurs».

«Cela fait plus de deux ans qu’on observe des grèves cycliques. A ce jour, aucun appel au dialogue ne nous a été lancé. C’est du mépris. De plus, à chaque fois qu’on appelle à une grève, la tutelle nous oppose menaces et intimidations», dénonce-t-il. Le représentant du Cnsc affirme que «la grève reste le seul moyen pour maintenir la pression sur les autorités et arracher les droits des travailleurs». Ali Yahia déplore le fait que «depuis 2008, aucun projet de statut particulier propre aux travailleurs communaux n’a été mis en place par les responsables concernés, et ce, en dépit des multiples promesses formulées par la tutelle». «Le ministère de l’Intérieur nous a déjà promis de promulguer le statut particulier en septembre 2010, puis à la fin du 1er semestre de l’année en cours. Malheureusement rien n’a été fait à ce jour», fulmine-t-il. Ce responsable affirme ne pas comprendre le fait que le ministre de l’Intérieur parle du versement des indemnités des travailleurs alors que le statut particulier n’a pas été promulgué. «Ce régime indemnitaire sera calculé sur la base de quoi ?» s’est-il interrogé. Notre interlocuteur dresse un tableau sombre de la situation des travailleurs communaux. Cherté de la vie, précarité de l’emploi, dégradation des conditions de travail sont, entre autres, les véritables raisons justifiant le ras-le-bol des agents communaux. Considérant que leurs revendications sont ignorées par les pouvoirs publics, ils se sentent tout bonnement «marginalisés», voire «exclus», de toutes les augmentations salariales qui ont touché le secteur des collectivités locales. Les travailleurs communaux ont fait avancer, à travers leur mouvement, toute une série de revendications. Ils réclament, entre autres : la revalorisation du point indiciaire afin de garantir un salaire de base digne, l’intégration des contractuels en poste, la promulgation du projet du statut particulier des travailleurs communaux et le régime indemnitaire, ainsi que la révision de la classification catégorielle des travailleurs communaux. Il convient de noter, dans cette optique, que sur les

500 000 travailleurs communaux – qu’ils soient éboueurs, préposés au guichet, employés dans les bureaux – des 1 541 communes du pays, plus de 20% des effectifs sont contractuels. Ces derniers sont recrutés dans le cadre du filet social avec un salaire de 3 000 DA par mois, alors qu’ils bouclent leurs huit heures de travail ! Le syndicat revendique également l’abrogation de l’article 87 bis de la loi 90/11 qui empêche l’augmentation du SNMG et le maintien du régime de la retraite sans condition d’âge.

Par Hocine Larabi

 

M'sila: Des travailleurs de la santé en grève de la faim

La grève effectuée depuis une semaine par les travailleurs vacataires des EPSP et EPH relevant du secteur de la santé de la wilaya de M'sila a été reconduite hier, avec à l'appui une grève de la faim observée par 100 personnes représentant les 900 vacataires répartis à travers les établissements sanitaires du territoire de la wilaya, malgré l'ouverture du dialogue par les autorités locales et le DSP. Les contestataires comptent maintenir la pression jusqu'à la satisfaction de leurs revendications, à savoir leur intégration, le paiement des rappels de salaires et le règlement des problèmes socioprofessionnels. Pour ce dernier point, le DSP a établi un programme de réunions avec les responsables des EPSP et EPH, avec lesdits travailleurs et trouver des solutions dans les jours à venir.

Publié dans Algérie

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