Algérie : Avocats, travailleurs du textile, collectif gharbi, demandeurs de logements, Marches et sit-in à Alger 30.06.11

Publié le par printempsdespeuples44

Ils ont manifesté hier à Alger contre le projet de statut de la profession
Les avocats “plaident” dans la rue
Par : Djilali Benyoub

Élaboré “sans les concernés”, ce texte de loi est “en porte-à-faux avec la Constitution”, “irréfléchi” et “en contradiction avec le souci d’une vraie justice, avec les droits de l’Homme”,
estiment les robes noires.

Les robes noires ont marché hier à Alger pour l’abrogation de la loi portant statut de l’avocat. Comme attendu, la police n’a pas laissé faire et a empêché la marche de manière musclée. Des avocats ont été bien secoués, d’autres ont failli s’évanouir. Ils ont, cependant, réussi à atteindre l’Assemblée nationale partant du siège du tribunal d’Alger.
L’essentiel pour les avocats est dans le fait qu’ils ont réussi à “exprimer leur demande de retrait du texte de loi. Ils demandent ainsi à ce que le statut soit revu et corrigé et mis en conformité avec l’État de droit, la Constitution, les pactes et chartes internationaux sur les droits et libertés, notamment le droit de la défense”, pour reprendre le propos de Me Sillini, bâtonnier d’Alger. 
Les avocats situent leur action dans la perspective d’établissement d’une véritable justice. Comptent-ils, d’ailleurs, à travers la marche d’hier interpeller le président de la République pour qu’il “puisse jeter un regard sur ce texte qui escamote le droit de la défense”, souligne Me Sillini. Le premier point marqué contre une Assemblée qui adopte à main levée des textes controversés, les commentaires des avocats n’ont pas manqué, explicatifs, vulgarisation afin certainement de mieux tenir au courant et de prendre à témoin l’opinion publique sur la légitimité de leurs revendications.
Il s’agit d’abord, selon Me Sillini de rallier les autres avocats à cette cause, alors que de son côté, Me Yahia Cherif qui a juste après la marche “donné son opinion” à travers un communiqué, a considéré que le texte de loi “manque énormément d’intelligence”.
Ce n’est pas l’unique grief qu’il a relevé puisque, a-t-il estimé, “ce texte de loi est en porte-à-faux avec la Constitution” et son élaboration a “oublié” les concernés, c’est-à-dire les avocats qui n’ont pas été conviés à donner leur avis. “Irréfléchi, prématuré, en contradiction avec le souci d’une vraie justice, avec les droits de l’Homme…” Une sorte d’héritage du parti unique, a estimé l’avocat qui n’a pas manqué de critiques contre le système actuel prédominé par les “administratifs”. Il a également mis l’accent sur la tendance en cours qui est l’universalité de la justice incluant de facto comme règle essentielle, l’État de droit et les droits de l’Homme et le droit de la défense. Une uniformisation qui oblige la justice algérienne à se conformer aux nouvelles règles introduites par les pactes et conventions internationaux qu’elle a ratifiés. 
Les députés, qui auraient déclaré que le texte est renvoyé à la session d’automne (n’est-ce pas pour gagner du temps et refroidir l’élan contestataire des avocats ?), ne semblent pas, de l’avis des avocats, avoir saisi la portée d’un projet de texte qui “n’est pas réaliste” et que, selon le communiqué de Me Yahia Cherif, “la raison commande son retrait et la conscience d’y réfléchir aux conséquences fâcheuses s’il viendrait à être adopté...” L’avocat propose des ateliers impliquant les 31 barreaux du pays afin de se pencher sur ce domaine, l’état de la justice et la réforme de la loi 91 régissant la profession d’avocat. Et de résumer l’équation enfin avec cette implacable sentence inspirée du fonctionnement de la justice algérienne : “Le déni de justice est un crime contre l’humanité.” Car, a-t-il dit, “la justice est dans une situation catastrophique”.

 
Sit-in du collectif Libérez Mohamed Gharbi devant le ministère de la justice
La mobilisation continue
Par : Chérif Memmoud

Le soleil de plomb n’a pas dissuadé le collectif Libérez Mohamed Gharbi (LMG) qui a tenu un sit-in hier après-midi devant le ministère de la Justice.

 

 Ils étaient une soixantaine de personnes environ à se mobiliser pour demander la libération du moudjahid Mohamed Gharbi et réclamer une date butoir. Cerné par un dispositif policier, les membres du collectif ont scandé des dictons en faveur du patriote comme “Libérez le Patriote”, “One, two, three libérez Gharbi” où encore “Terroriste libre, Patriote en prison”.
Le collectif, qui a eu à s’entretenir avec des représentants du ministère de la Justice, a refusé la proposition de ces derniers, à savoir l’arrêt du sit-in pour être reçu par le chef du cabinet. Par ailleurs, à défaut d’avoir une date de libération de Mohamed Gharbi comme voulu, le collectif souhaite voir sa libération effective le 5 juillet prochain, date anniversaire de l’Indépendance.
“Ce que nous attendons, c’est de voir Mohamed Gharbi libre le 5 juillet prochain et là, il s’agit de notre premier plan. Dans le cas où il serait gardé en détention au-delà de cette date, le collectif passera à un autre plan et encore un autre jusqu’à sa libération. Aujourd’hui, il y a eu une soixantaine de personne venues demander la libération de Mohamed Gharbi, nous continuerons notre travail de mobilisation jusqu’à avoir gain de cause en faveur de ce moudjahid qui est en prison depuis dix ans”, nous dira l’un des animateurs du collectif (LMG). Selon ce même membre du collectif, Mohamed Gharbi souffre en prison mais reste digne. “Il souffre du diabète et d’un problème à l’œil, mais à part cela, il reste digne. Pour ce qui est de nos actions en sa faveur, Mohamed Gharbi est très content et fier de cette jeunesse qui le soutient. Il n’a pas peur et il est confiant. C’est un guerrier, un vrai Patriote”, nous dira-t-il à son sujet. Cela dit, pourquoi ce collectif a-t-il refusé d’être reçu par les responsables du ministère de la Justice ? L’un des membres du collectif nous répondra pour dire : “cela ne mènera à rien.”
“Ils vont nous donner les même réponses que la dernière fois lorsque nous avions été reçus. Voilà, le dossier de Mohamed Gharbi est en cours’, c’est ce qu’ils vont nous dire, mais cela dure depuis quatre mois maintenant. aujourd’hui, ce que nous demandons c’est qu’une date soit fixée par le ministère. Nous, nous sommes avant tout un mouvement pacifique, une solidarité humaine avec Mohamed Gharbi, mais si Gharbi n’est pas libéré le
5 juillet, on ira plus loin et on sera plus virulent”, a-t-il promis. Et d’ajouter : “Le président de la République l’a gracié, mais apparemment le gouvernement ne veut pas s’en remettre aux décisions du Président et on se demande pourquoi on tarde à mettre en exécution cette grâce ?”
Enfin, après deux heures, le collectif a décidé de lever le sit-in en promettant de rester mobilisé jusqu’à voir Mohamed Gharbi libre. Aussi, nous indiquera l’un des membres de ce collectif, un sit-in aura lieu le 2 juillet à Paris en faveur de la libération de Mohamed Gharbi.

 

Les travailleurs du textile mènent la guerre à la friperie Ils ont organisé un sit-in hier devant le siège de l’UGTA
Par : Arab Chih

 

 

Près de 2 000 délégués syndicaux des travailleurs du textile de 23 wilayas du pays ont observé hier à la Maison du peuple à Alger, siège de l’UGTA, un rassemblement de plus de 2 heures pour exiger l’annulation de l’amendement à la loi de finances complémentaire 2011 adopté par la majorité des députés à l’APN portant réintroduction de l’importation de vêtements utilisés (friperie). Par “les élus du peuple” aux “barons de l’importation’’ “à bas la friperie”, “APN dégage”, “Non au bradage du secteur du textile”, sont là quelques slogans frappant les banderoles exhibés par les représentants des travailleurs d’une cinquantaine d’entreprises du textile pour dénoncer cette collusion entre certains “élus du peuple” et “les barons de l’importation”.
“Nous avons appelé à un sit-in pour ne pas gêner le bon fonctionnement des entreprises. Cet amendement adopté par l’APN est une décision hasardeuse économiquement car elle est de nature à installer le pays dans l’improductivité. Il est en contradiction totale avec la décision prise par le gouvernement en mars dernier visant à relancer le secteur du textile. C’est frustrant”, dénonce Amar Takdjout, secrétaire général de la Fédération des travailleurs du textile et cuir. “Il y a quelque chose d’anormal. L’Exécutif n’a-t-il plus la maîtrise de ses troupes ? Y a-t-il concertation ? Nous nous posons beaucoup de questions. Nous avons donc décidé d’exprimer collectivement notre désaccord. Il n’est pas question de se laisser faire car si on laisse cet amendement passer, il se peut que, demain, le projet de relance du secteur soit remis en cause”, ajoute-t-il. Que feront les syndicalistes puisque l’amendement n’est pas retiré ? “On va militer et on restera mobilisé tant que cet amendement est là. Avec la loi de finances 2012 qui sera débattue en septembre, le gouvernement a une belle occasion pour rectifier le tir. Les députés, eux, doivent aussi assumer leurs responsabilités. Et si l’amendement n’est pas retiré, on saura comment réagir et avec force mais dans le cadre légal. On appellera à la mobilisation tout le monde y compris les autres secteurs affiliés à l’UGTA”, répond M. Takdjout. Le patron de la Centrale syndicale, ayant assisté à la réunion qui a regroupé les délégués syndicaux des travailleurs du textile, a promis, confie un syndicaliste, que ce dossier sera abordé lors de la prochaine tripartite.
Pour relancer le secteur du textile qui emploie quelque 20 000 travailleurs, les pouvoirs publics ont débloqué une enveloppe de 2 milliards de dollars. Les entreprises travaillant dans ce secteur seront regroupées dans deux grandes sociétés. La première est le fruit d’un partenariat entre sept entreprises et l’Entreprise d’habillement du Centre (EHC), une epic qui travaille avec l’armée. Elle verra le jour à l’automne prochain. La deuxième société comprendra 17 autres entreprises qui, pour le moment, n’ont pas trouvé de partenaires.
Le marché de la friperie représente, explique un syndicaliste, 60 à 70 millions de mètres linéaires, soit 60 à 70 milliards de dinars. Il assurerait du travail à quelque 12 000 personnes même si les syndicalistes de l’UGTA ne donnent pas beaucoup de crédit à ce chiffre. Les importateurs ont même créé une association. “C’est un lobby assez puissant et il n’est pas exclu qu’ils aient promis aux députés de l’argent pour les prochaines joutes électorales”, explique un syndicaliste.

 

Réunis en assemblée générale hier matin Les journalistes de l’ENTV exposent des revendications socioprofessionnelles
Par : Souhila Hammadi

La revendication, qui est dans l’air du temps dans le pays, ébranle aussi la quiétude de la Télévision algérienne. Le conseil syndical des journalistes de la Télévision algérienne, élu le 25 mai dernier sous l’égide de l’UGTA, a organisé, hier matin au siège de la Télévision algérienne, sis au boulevard des Martyrs, sa première assemblée générale pour recouper les préoccupations des journalistes, recueillies auprès des rédactions des cinq chaînes du groupe de Télévision algérienne lors de réunions sectorielles.
Dans l’immédiat, le conseil syndical, drivé par Djamel Maâfa en qualité de secrétaire général, exige l’amélioration des conditions de travail des journalistes de la télévision, l’application rigoureuse des règles régissant les relations de travail et, surtout, la révision de la grille des salaires, qu’il souhaite conforme à celles mises en œuvre dans les télévisions de service public de par le monde. à ce titre, le syndicat des journalistes de l’ENTV, Canal Algérie, A3, Tamazight et Coran est déjà représenté dans la commission du ministre de la Communication, chargé d’établir, entre autres, une grille de salaires nationale pour les journalistes algériens, quel que soit l’employeur (privé ou public, audiovisuel ou presse écrite).
Il est demandé aussi de prendre en charge, sans tarder, le dossier de titularisation des contractuels, eu égard aux très nombreux journalistes qui souffrent de la précarité de leur statut au sein de l’entreprise. Le conseil syndical prépare, en outre, pour le mois de septembre prochain, une esquisse d’un plan d’action, articulé autour de la création d’une convention collective propre aux journalistes de la télévision ; d’un environnement juridique approprié ; de la mise en place de primes et compensations ; de la revalorisation des primes déjà existantes (prime de risque, de nuisance, de documentation, de technicité, de reportage…) ; formation et recyclage ; élaboration d’une charte d’éthique… Les journalistes s’insurgent, en outre, contre le favoritisme pratiqué au sein de
la Télévision algérienne et demandent de lever les équivoques du recrutement.
Pour l’heure, ce syndicat est au stade de la revendication pacifique. Il n’en demeure pas moins que si sa demande n’est pas satisfaite, il engagera inévitablement un bras de fer avec la direction générale. D’autant que le mouvement est soutenu par l’UGTA dont le secrétaire général, Sidi-Saïd, a assisté à l’assemblée nationale de mercredi matin. 

 
Logement : la liste des bénéficiaires contestée à Chéraga Des centaines de citoyens se sont rassemblés après son affichage
Par : Nabila Afroun

Des centaines de citoyens de la commune de Chéraga ont pris d’assaut, hier, le siège de leur daïra afin de manifester leur colère et réclamer “justice”.

 Le rassemblement, qui s’est tenu à l’intérieur de l’édifice, a débuté après l’affichage des listes des bénéficiaires des logements sociaux. Les manifestants contestent ces listes et  revendiquent leur annulation. Ils réclament, également, la nomination d’une commission d’enquête mixte composée des membres de la wilaya d’Alger et du ministère de l’habitat afin de réétudier les dossiers et réattribuer ces logements aux cas prioritaires. Ils menacent même de ne pas quitter le siège de la daïra tant qu’ils n’ont pas d’interlocuteur. Les responsables de la daïra ont fait appel aux services de l’ordre qui se sont déployés à l’intérieur de l’édifice. Accusant le staff de l’APC ainsi que celui de la daïra de Chéraga de “corruption”, plusieurs protestataires ont déclaré que “les représentants de cette commune ont beau faire des promesses, ils ne convaincront plus personne. Tout le monde sait que cette commune est impliquée dans le trafic du foncier”. Ils estiment que sur les soixante-dix familles bénéficiaires, seulement vingt environ sont des cas sociaux prioritaires. Selon eux, les autres sont “inconnus, venus même en dehors de la wilaya d’Alger et ne résident dans cette communes que depuis peu de temps”. Ils se plaignent tous de leurs conditions de vie : logements insalubres, hygiène déplorable, promiscuité intenable… Certains se disent  prioritaires car ils vivent dans un bidonville. Il sont “sinistrés”, “victimes du terrorisme”, “handicapés” ou encore “natifs de Chéraga” et attendent un logement depuis près de 20 ans. De son côté, le chef de cabinet de la daïra regrettera l’insuffisance de l’offre. “Nous dépendons des quotas. Sur 10 000 dossiers de demande de logements sociaux, seulement 70 familles en ont bénéficié dans cette commune.” Concernant les accusations portées par les citoyens, le responsable a démenti ces charges en assurant que la commission d’attribution a travaillé dans le cadre de la loi et selon des critères objectifs de priorité qui n’ont rien avoir avec le “copinage” ou autres. Il a, toutefois, précisé que les habitants des bidonvilles n’ouvrent pas droit aux logements sociaux et qu’ils sont concernés, en revanche, par les programmes de recasement.

 

 

 

 

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