Maroc : Les diplômés chômeurs demandent l'ouverture d'une enquête 26.01.12

Publié le par printempsdespeuples44

Les funérailles d'Abdelwahab Zeidoun, le 24 janvier 2012 à Rabat

Rabat.- Des centaines de diplômés au chômage se sont rassemblés mercredi devant une annexe du ministère de l’Education nationale à Rabat, au Maroc, pour demander l’ouverture d’une enquête sur le décès d’un jeune diplômé qui avait tenté de s’immoler par le feu.

« Nous exigeons du gouvernement l’ouverture d’une enquête impartiale sur la mort hier (mardi) de notre camarade Abdelwaheb Zidoun« , a déclaré à l’AFP Said Azoubar, l’un des diplômés.

Abdelwahab Zidoun, 27 ans, qui participait à un sit-in le 18 janvier avec une centaine d’autres « diplômés chômeurs » est mort de ses blessures dans l’hôpital où il avait été transporté.

« L’emploi n’est plus une priorité pour l’instant. Nous voulons d’abord qu’une enquête soit ouverte très rapidement et que les responsables soient sanctionnés« , a ajouté M. Azoubar.

Des forces de police encerclent depuis deux semaines cette annexe du ministère de l’Education, dont une partie est occupée par une centaine de diplômés au chômage.

L’étau des forces de l’ordre s’est cependant desserré mercredi pour permettre à la nourriture de parvenir sans entraves aux grévistes.

Selon des témoins, c’est l’intervention le 18 janvier de policiers qui ont essayé d’empêcher des sacs de nourriture d’arriver aux « diplômés chômeurs » qui a poussé la victime à s’immoler.

Cette pratique s’est répandue dans les pays d’Afrique du Nord depuis l’immolation d’un protestataire tunisien en décembre 2010, qui avait déclenché le Printemps arabe en Tunisie, puis en Egypte et en Libye.

L’emploi compte parmi les priorités du parti islamiste modéré Justice et développement (PJD) arrivé au pouvoir en janvier.

Des milliers de diplômés du supérieur demandent depuis des années leur intégration dans la fonction publique.

Le Maroc doit créer 300.000 emplois par an pour régler le problème du chômage, selon les spécialistes.

 

Après le décès de l’un des leurs, immolé par le feu : Les diplômés chômeurs haussent le ton

 

Abdelwahab Zeidoun, l'un des deux diplômés chômeurs qui avaient tenté de s'immoler par le feu, mercredi 18 janvier à Rabat, est décédé hier matin des suites de ses blessures, a indiqué une source médicale de l’hôpital Ibn Rochd à Casablanca.
Agé de 27 ans, marié et père d’un enfant, ce jeune diplômé en droit privé a perdu la vie après avoir subi des brûlures de 3ème degré sur plus de 50 % de son corps.   Selon certains témoignages, le défunt s’est accidentellement brûlé lors de sa tentative de sauver l’un de ses camarades chômeurs qui s’est immolé par le feu mercredi 18 janvier, au pied de l’annexe du ministère de l’Education nationale. Les deux ont été transportés à l’hôpital Ibn Rochd à Casablanca dans un état grave. Concernant le second diplômé chômeur, il a été brûlé au visage et aux mains sur près de 15 % du corps. La même source a précisé qu’il a dépassé la phase critique et qu’il se porte bien. Certains de ses proches nous ont confirmé qu’il a pu échanger quelques mots avec eux.  Une fois l’information du décès d’Abdelwahab Zeidoun a été divulguée, plusieurs diplômés chômeurs se sont rassemblés devant le CHU Ibn Rochd qui a été assiégé depuis le matin par les forces de l’ordre. Pourtant aucun incident n’a été enregistré. Un rassemblement a été également prévu à Rabat pour l’organisation d’une marche de protestation que les organisateurs ont qualifiée de sans précédent.
Certains de ces chômeurs n’ont pas caché que le décès d’Abdelwahab Zeidoun risquera d’accentuer leur mouvement  entamé depuis plus d’une quinzaine de  jours en protestation contre les lenteurs, voire l’indifférence dans le traitement de leur dossier, en dépit de l’engagement du gouvernement sur la base du PV de juillet.  A rappeler que les manifestations et sit-in des diplômés chômeurs se sont multipliés avec l'arrivée au pouvoir du gouvernement Benkirane qui a mis la question sociale au cœur de son programme. 
Abdewahab Zidoun premier « double » martyr
 

Abdelwaheb Zidoun, "double" martyr, celui des diplômés chômeurs et celui d'Al Adl Wal Ihsane

Rabat.- Le principal mouvement islamiste marocain, Al Adl Wal Ihsane, a annoncé hier, mardi 24 janvier, qu’Abdelwaheb Zidoun, est l’un de ses militants. Zidoun est décédé hier des conséquences de ses blessures après avoir essayé la semaine dernière de porter secours à un jeune diplômé chômeur qui s’était immolé par le feu pour protester contre les autorités marocaines.

Ce jour-là, trois diplômés chômeurs se sont immolés par le feu en désespoir de cause pour exiger des autorités marocaines la création de milliers de postes de travail dans la fonction publique. Ils ont survécu mais l’un des trois se trouve toujours en soins intensifs.

Selon un porte-parole d’Al Adl Wal Ihsane, Abdelwaheb Zidoun, qui est décédé dans un hôpital de Casablanca et était âgé de 27 ans, était un militant de son mouvement.

Al Idl Wal Ihsane a imputé la responsabilité de sa mort au pouvoir, qui aurait empêché que des vivres et de l’eau parviennent à ce militant et aux autres diplômés chômeurs qui occupent un local du ministère de l’Education nationale à Rabat. 

Le nouveau ministre de la Communication, Mustafa el Khalfi, a pour sa part rejeté ces accusations, affirmant que « la liberté de manifester est garantie par la loi », sans préciser si la liberté de recevoir des vivres et des provisions est également « garantie par la loi ».

Car ce qui a poussé les trois diplômés chômeurs à s’asperger d’essence et à s’immoler par le feu est justement le refus des autorités marocaines de laisser passer ses provisions. 

Pour faire bonne mesure, El Khalfi a évoqué « un incident triste et tragique que nous ne souhaitons à aucun de nos jeunes (…) Notre priorité est de donner du travail aux chômeurs dans le cadre des négociations menées avec eux« . Avec quoi ? Avec la police patrouillant partout ?

Les immolations par le feu de Rabat rappellent celle du jeune Mohamed Bouazizi, un vendeur de fruits et légumes qui avait mis le feu à son corps en décembre 2010 en Tunisie et dont l’acte avait déclenché « la révolution du jasmin » qui a chassé le président Zine ben Ali du pouvoir et inspiré d’autres soulèvements dans le monde arabe qui ont terminé par mettre à bas les pouvoirs personnels de l’Egyptien Hosni Moubarak, le Yéménite Ali Abdallah Salah, le Libyen Mouammar Kadhafi, et peut-être demain le Syrien Bachar El Assad et d’autres petits dictateurs arabes.

Au Maroc, près d’un tiers des jeunes Marocains sont au chômage et un quart des 33 millions de Marocains sont touchés par la pauvreté. Pour ne pas dire par la misère tout court.

Abdelwaheb Zidoun est le premier « double » martyr marocain. Martyr des diplômés chômeurs et martyr d’Al Adl Wal Ihsane.

Badr Soundouss avec Reuters

Publié dans Maroc

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