Libye : Les insurgés demandent l'extradition des membres de la famille Kadhafi exilés en Algérie 30.08.11

Publié le par printempsdespeuples44

Des rebelles ont investi l’avion de Mouammar Kadhafi, l’Airbus « Afriqiyah One », à l’aéroport de Tripoli. Patrick Baz/AFP

 

L’Algérie a confirmé qu’elle avait accueilli l’épouse de Mouammar Kadhafi, accompagnée de trois de ses enfants, lundi 29 août 2011. Le gouvernement des insurgés a aussitôt manifesté son intention de demander leur extradition. Parallèlement, la rébellion annonçait la mort de l’un des plus jeunes fils du leader en fuite, Khamis Kadhafi, âgé de 28 ans.

L'épouse du colonel Mouammar Kadhafi et trois enfants de l'ex-chef de la révolution libyenne sont entrés en territoire algérien dans la matinée du lundi 29 août 2011. Il s’agit de Safia Kadhafi et de trois des enfants du colonel : Aïcha, Hannibal et Mohammed. L'information est tombée en fin d'après-midi. Un communiqué laconique de la diplomatie algérienne qui indiquait simplement avoir prévenu le chef des rebelles et le secrétaire général des Nations unies de la présence des membres de la famille Kadhafi sur son territoire.

Tensions entre le CNT et l’Algérie

 

 

Aucune indication n’a été fournie sur le lieu où ils ont franchi la frontière, ni sur le moyen de transport utilisé. Selon des sources locales, une trentaine de personnes au total, dont certaines grièvement blessées, ont passé la frontière en plein Sahel, à l'extrême frontière sud de l'Algérie, à hauteur de Djanet. Elles auraient été pourchassées par les insurgés.

Depuis, le Comité national de transition (CNT) a réagi. Il va demander à Alger de  « ramener » les membres de la famille Kadhafi en Libye. Cette affaire risque de tendre un peu plus les relations entre les deux parties. En fin de semaine dernière, une colonne de Mercedes avait été aperçue quittant la Libye pour l'Algérie. Plusieurs sources rebelles pensaient alors que ces véhicules transportaient des membres du clan Kadhafi. L'Algérie avait opposé un démenti catégorique quelques heures plus tard.

Alger qui n'a pas reconnu le CNT applique une position de « stricte neutralité » dans le conflit mais plusieurs responsables rebelles soupçonnent le voisin algérien de soutenir Mouammar Kadhafi. Signe de la tension entre les deux parties : les rebelles libyens veulent prendre la ville frontalière de Ghadamès dans le sud. Et selon le quotidien algérien El Watan, Alger a fermé sa frontière avec la Libye ce lundi après avoir décrété une alerte générale.

Khamis Kadhafi est mort

Par ailleurs, la rébellion a annoncé le décès de l’un des fils de Mouammar Kadhafi, Khamis, dont la mort avait été annoncée à plusieurs reprises depuis le début du conflit sans jamais être confirmée. Il aurait été tué à environ 80 kilomètres au sud de Tripoli et enterré là-bas, a déclaré lundi le gouvernement rebelle à l'Agence France-Presse. Agé de 28 ans, Khamis Kadhafi commandait l'une des brigades réputées les plus efficaces des forces fidèles à l'ancien dirigeant libyen. En ce qui concerne Mouammar Kadhafi lui-même, certaines sources annoncent qu’il se trouverait à 100 kilomètres au sud-est de Tripoli avec deux autres de ses fils.

Sur le terrain, malgré les avancées des rebelles, « la guerre n’est pas finie » et plus d’aide est nécessaire pour venir à bout du régime de Kadhafi, ont estimé hier les chefs d’état-major des pays engagés militairement dans le pays. Des opérations communes sont toujours nécessaires pour éliminer « les restes » du régime libyen, ont-ils indiqué dans un communiqué depuis Doha où ils sont réunis. Lors de cette même réunion, Moustapha Abdeljalil, le président du Conseil national de transition (CNT), a affirmé que le colonel Kadhafi représentait toujours « un danger », en particulier quand il appelle dans ses discours ses partisans à se soulever. L’OTAN, qui dirige les opérations depuis le 31 mars, a rappelé que son mandat courait jusqu’au 27 septembre.
À Tripoli, la situation était calme hier, mais les conditions de vie se détériorent. L’Union européenne a annoncé avoir débloqué 10 millions d’euros pour des opérations humanitaires d’urgence dans la région de Tripoli et avoir ouvert un bureau d’aide humanitaire sur le terrain.
Les combats se concentrent désormais vers Syrte. La progression des rebelles était à nouveau stoppée après une avancée dimanche. Des négociations sont en cours avec les leaders tribaux de Syrte en vue d’une reddition de la ville, selon diverses sources. Mais un porte-parole des rebelles a prévenu qu’elles ne dureraient pas éternellement et que faute d’un accord rapide, la situation serait réglée par les armes. Les frappes de l’OTAN se sont poursuivies dans cette zone.
Dans l’Ouest en revanche, les insurgés sont apparemment tombés dans un piège tendu par les loyalistes, qui leur ont fait croire qu’ils avaient quitté la localité de Ragdaline, à une soixantaine de kilomètres à l’est de la Tunisie, avant de les combattre pendant des heures avec acharnement.
Par ailleurs, le sort de nombreuses centaines de prisonniers, aux mains des rebelles, commençait à créer des inquiétudes parmi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Steven Anderson, porte-parole du CICR, a indiqué que les rebelles détiennent des « centaines » de prisonniers, dont de nombreux étrangers provenant notamment d’Afrique subsaharienne. La rébellion a cependant assuré qu’ils étaient bien traités. Dans ce contexte, des centaines de Touareg maliens et nigériens ayant combattu pour Kadhafi, traqué par les insurgés, ont entamé leur retour dans leur pays, faisant planer une menace sur la sécurité au Sahel.
Sur le plan diplomatique, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a souligné que « seule l’intervention militaire de la communauté internationale a permis d’éviter un véritable bain de sang, et, dans le cadre de la légalité internationale, de protéger les populations civiles menacées ». La France a annoncé la réouverture de son ambassade, qui avait été évacuée en février. La Grande-Bretagne prépare de son côté la réouverture de la sienne, à une date non précisée.
(Source : agences)

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