l’Algérie a importé massivement des céréales par crainte d’émeutes 27.07.11

Publié le par printempsdespeuples44

La montée de la grogne sociale depuis janvier et la crainte de pénuries alimentaires ont poussé l’Algérie à démultiplier ses importations de céréales avant août, date cette année du début du ramadan, une période traditionnelle de flambée des prix.

 

Lundi le Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (Cnis) a annoncé une hausse de 59% de la facture alimentaire durant le premier semestre 2011: 4,83 milliards de dollars US contre 3,02 milliards de dollars US, pour la même période de 2010.

Les importations massives de céréales, semoules et farines sont passées de 1,02 milliard de dollars au 1er semestre 2010 à 2,04 milliards durant la même période en 2011, soit une progression de plus de 99%.

La première raison à ces décisions “est d’ordre politique, explique à l’AFP l’économiste Abderrahmane Mebtoul. Face à ce qui se passe dans le monde arabe, le gouvernement algérien veut éviter les tensions sur le pain et les produits alimentaires”, poursuit l’expert, en se référant aux révolutions qui se sont déroulées en Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie et au Yémen.

Au milieu de ces vagues de contestations, la flambée des prix des produits de première nécessité, dont l’huile et le sucre, ont provoqué en Algérie en janvier cinq jours d’émeutes. Elles ont fait cinq morts et quelque 800 blessés.

Et loin de se calmer, les tensions persistent avec des mouvements successifs pour réclamer des augmentations de salaires, des modifications de statuts des métiers et pour l’obtention de logements.

En cette période d’été, sur les marchés, les prix des produits alimentaires ont sensiblement augmenté, dénonce la presse, à mesure que s’approchent les 30 jours de jeûne que les ménagères préparent activement en faisant des provisions.

Le gouvernement veut rassurer la population en réaffirmant qu’il n’y aura pas pénurie et qu’il maintient la subvention des produits de base, à commencer par les céréales.

Et c’est là où le bât blesse: nombre de contrebandiers en profitent pour exporter ces produits vers les pays voisins. Pour le président du Forum des chef d’entreprises (FCE) privées, Réda Hamiani, par cette politique, “l’Algérie casse les prix internationaux et des pays comme le Mali, le Niger, le Maroc, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie profitent aussi de ces subventions grâce à certains réseaux”.

“C’est un non-sens de subventionner les produits au stade final”, juge-t-il. Le faire à la source encouragerait les producteurs locaux à accroître leur production.

Mais M. Mebtoul rappelle que “l’Algérie est un pays semi-aride” avec une productivité agricole “relativement faible”. Aussi les agriculteurs vont-ils “surtout vers les cultures spéculatives se détournant des céréales”.

“Il n’y a pas une véritable politique agricole en Algérie. D’un côté on nous annonce en grande pompe que l’on exporte de l’orge puis la même année on en importe”, a-t-il expliqué faisant référence au fait qu’en juin 2010, l’Algérie avait exporté 10.000 tonnes d’orge alors que la même année le pays en a importé. Tout cela s’apparente pour lui à de la “publicité politique”.

Pour M. Mebtoul,”l’Algérie a une économie rentière” dans laquelle “on importe 64% des besoins des entreprises et des ménages. C’est cela la dure réalité”. Reste à savoir jusqu’à quand ce pays pourra continuer à compter sur ses 97% de devises issues de l’exportation de ses hydrocarbures, alors que les secteurs d’activités agricoles et industrielles peinent à se développer pour prendre la relève.

Publié dans Algérie

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