L'ACAT dresse un tableau accablant de la torture dans le monde 08.12.11

Publié le par printempsdespeuples44

Sur cette photo, datée du 22 novembre dernier et tirée d'une vidéo YouTube, deux hommes dont les militants anti-Assad affirment qu'ils sont été tués par les forces de sécurité syrienne, sur la route entre Sirmin et Edleb, non loin de la frontière avec la Turquie.

 

"Les mouvements de contestation qui ont ébranlé le monde arabe tout au long de cette année ont rappelé l'usage endémique et régulier de la torture lors des conflits armés, guerres civiles ou soulèvements populaires", écrit l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) dans son deuxième rapport annuel mondial publié aujourd’hui.

"De la Tunisie au Bahreïn en passant par l'Egypte et la Syrie, les populations civiles ont subi la torture comme moyen de répression au service de l'appareil sécuritaire", souligne l'association, selon laquelle "le printemps arabe" a également servi de "révélateur de crimes horribles perpétrés par les régimes en place jusqu’alors".

 

L'ACAT, qui dresse un tableau de la torture dans le monde à travers 23 pays, consacre un chapitre supplémentaire à la Syrie, où la répression a fait plus de 4.000 morts depuis le mois de mars selon l'ONU et "où la torture est plus que jamais érigée en stratégie de gouvernement".

"La sanglante répression menée par les services de Bachar al-Assad apparaît particulièrement représentative d'un recours massif à la torture visant à terroriser une population qui se révolte pacifiquement", note l'ACAT

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Pour étayer son propos, l'ONG cite longuement le témoignage du journaliste algérien Khaled Sid Mohand, collaborateur du journal Le Monde emprisonné dans les geôles syriennes du 9 avril au 3 mai. "Tous les jours, parfois toutes les nuits, j’ai entendu des gens torturés, j’ai entendu leurs cris crescendo, jusqu’à ce que des hommes d’âge mûr soient transformés en petites filles", confie le reporter.

Lui-même a enduré "des claques, quelques coups de poing et de pied, un coup de cale sur l’épaule, des menaces d’enfermement jusqu’à ce que mes cheveux soient tout blancs, et d’immersion dans un bain glacé". Mais selon lui, "ce n’était pas de la torture, c’étaient même des baisers à côté de ce que les autres détenus, y compris de très jeunes adolescents, ont subi".

 

Dans un entretien à ABC News diffusé mercredi, le président Assad a nié tout rôle dans la répression en Syrie, en assurant qu'il n'y avait "pas eu d'ordre demandant de tuer ou d'être violent".

 

Dans son rapport 2011 intitulé "Un monde tortionnaire", l'ACAT souligne néanmoins que la torture n'est pas l'apanage des régimes autoritaires. "La torture est encore pratiquée dans un pays sur deux et touche particulièrement les détenus de droit commun et les catégories défavorisées", rappelle Jean-Étienne de Linares, délégué général de l'ACAT-France.

L'association se penche notamment sur les Etats-Unis, où "le conflit armé avec el-Qaëda entraîne encore des dérives en matière de droits de l'Homme", où "les conditions de détention réservées aux 2,2 millions de prisonniers recensés en 2010 sont souvent indignes" et où les forces de sécurité sont souvent pointées du doigt pour "recours excessif à la force".

L’ACAT, créée en 1974, apporte son soutien aux victimes de la torture et sensibilise l'opinion publique sur la torture, la peine de mort et les droits de l'homme. Elle revendique 10.000 adhérents et 40.000 sympathisants.

 

 

 

Publié dans Monde

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