Israël: appel à des manifestations de masse samedi contre le gouvernement 04.08.11

Publié le par printempsdespeuples44

Les représentants du mouvement de contestation sociale en Israël, déclenché à la mi-juillet pour protester contre la hausse effrénée du prix des logements, ont lancé jeudi un appel à des "manifestation de masse" samedi soir.
"Tous ceux qui sont impliqués dans cette vague de protestation ont appelé à des manifestations de masse samedi soir à Tel-Aviv et dans d'autres villes contre le gouvernement", a affirmé à l'AFP Stav Shafir, une des dirigeantes de ce mouvement.
Samedi dernier, plus de 100.000 manifestants avaient défilé aux cris de "le peuple exige la justice sociale" à Tel-Aviv et dans plusieurs autres villes israéliennes.
"Depuis le début de la révolte des tentes, il y a trois semaines, le gouvernement ne nous écoute pas, c'est pourquoi nous devons durcir le mouvement. Nous espérons une foule encore plus énorme que celle qui s'est mobilisée la semaine dernière", a expliqué Stav Shafir.
Selon elle, l'adoption mercredi par le Parlement d'un loi sur le logement présentée par le gouvernement "n'a fait qu'aggraver les choses et ne peut que motiver les gens" à venir protester.
Ce texte doit permettre d'accélérer les mises en chantier ce qui devrait, selon le Premier ministre Benjamin Netanyahu, augmenter l'offre et faire ainsi baisser les prix.
Les dirigeants du mouvement de contestation estiment en revanche que cette loi ne permettra pas de proposer des logements à des prix abordables et profitera surtout aux entrepreneurs tout en portant atteinte à l'environnement.
Ils dénoncent également le fait que cette loi ait été adoptée sans que le Premier ministre éprouve le besoin de les consulter.
M. Netanyahu a nommé une commission censée ouvrir des négociations avec les dirigeants du mouvement de contestation, tout en les accusant de "verser dans le populisme".
Les contestataires continuaient pour leur part à discuter d'un document qui résumerait leurs revendications non seulement sur les réformes à apporter au marché de l'immobilier, mais aussi dans les domaines de la santé, de l'éducation et de la fiscalité.
Par ailleurs, le gouvernement a consenti mercredi soir à faire un geste sur les conditions de travail des médecins dans les hôpitaux en grève depuis 137 jours.
Le docteur Leonid Eidelman, qui préside l'Association médicale israélienne, a annoncé à la radio qu'il mettait fin à la grève de la faim qu'il avait entamée il y a dix jours. Il a toutefois souligné qu'un accord final sur les questions salariales n'avait pas encore été conclu.

 

En Israël, les tentes de la colère
Sur cette tente, le slogan phare du mouvement : «le peuple veut la justice sociale»
Sur cette tente, le slogan phare du mouvement : «le peuple veut la justice sociale»
Nicolas Falez
Par Nicolas Falez

La loi sur le logement votée ce mercredi 3 août par le Parlement israélien ne satisfait pas les leaders de la vaste contestation populaire qui secoue le pays depuis la mi-juillet. L’Etat hébreu vit un mouvement de colère sociale sans précédent, marqué par d’importantes manifestations et surtout par l’apparition de vastes camps de tentes à Tel Aviv et dans d’autres villes israéliennes. Reportage.

Boulevard Rothschild à Tel Aviv. Une élégante avenue où se trouve le bâtiment dans lequel David Ben Gourion proclama l’indépendance d’Israël en mai 1948. Ces jours-ci, l’avenue a changé de visage : sous les arbres de l’allée centrale, habituellement dédiée aux promeneurs à pied ou à vélo, des centaines de tentes de camping ont été plantées les unes à côté des autres. Une ville de toile, ornée de centaines de pancartes et de banderoles. Messages politiques ou dessins féroces comme celui-ci, représentant un ours en colère emportant les politiciens israéliens. Sur la caricature, l’ours porte un écriteau où l’on peut lire son nom : «le peuple».

Contre la «vie chère»

Malgré sa barbe, Michael n’a rien d’un ours. Le jeune homme, habillé plutôt «hippie», joue de la guitare sur l’un des nombreux canapés en fin de vie qui ont été installés entre les tentes. Michael vient d’arriver sur le Boulevard Rothschild, poussé ici par la revendication principale de ce vaste mouvement qui secoue le pays : « je loue un appartement à Tel Aviv, raconte le jeune homme qui a récemment terminé son service militaire, un très petit appartement de quelques mètres carrés seulement. Il est très vieux et en très mauvais état et cela me coute environ 2000 shekels (400 euros), ce qui est vraiment hors de prix». 2000 shekels, c’est presque la totalité de ce que Michael gagne chaque mois avec son emploi à temps partiel de serveur dans un restaurant.

Le camp vit au rythme de ses habitants. Beaucoup sont des actifs qui partent travailler le matin et rentrent le soir. C’est en fin de journée que le lieu s’anime, avec de la musique, des discours, des débats. Sous une tente il y a même une cuisine où des volontaires s’affairent pour préparer des repas gratuits pour les habitants du camp. «Les gens nous apportent des légumes ou des fruits, explique Assif, passé aux fourneaux pendant ses vacances d’été, et on prépare des plats en fonction de ce que l’on a».

Un mouvement largement soutenu en Israël

Diaporama photo

T-shirt rouge et barbe rousse, Oren Pasternak, du Syndicat des étudiants israéliens décrit la population du camp de tente : « des gens de droite et de gauche, des gens du sud et du nord du pays. Il y a des familles, il y a des bébés, des gens âgés, des jeunes. Tout le peuple d’Israël et peu importe la couleur de votre peau ». Le jeune militant évoque aussi les revendications de son organisation : « Il s’agit d’améliorer l’Education, d’améliorer la protection sociale, de diminuer les impôts, de réformer le système fiscal en Israël. Il faut bâtir des logements pour les étudiants, pour les familles et pas seulement pour les riches. Construire des routes, de meilleurs transports publics, des trains pour desservir tout Israël. »

Plutôt laïc, plutôt de gauche mais dépassant largement ces deux catégories, le mouvement est venu de la base. Et particulièrement des classes moyennes. Celles qui ont le plus souffert des réformes libérales menées depuis une dizaine d’années en Israël. Internet et les réseaux sociaux ont largement contribué à la mobilisation. La Histadrout, le grand syndicat israélien soutient les protestataires campeurs mais avec des réserves, voire une certaine méfiance. Une ambiguïté que l’on retrouve chez les nombreux curieux qui viennent visiter les camps de tentes à Tel Aviv, Jérusalem ou dans les autres villes d’Israël. « Je ne suis pas contre, personne n’est vraiment contre, assure ce retraité à la kippa noire qui observe les campeurs de Jérusalem, mais je crois qu’ils ont un but bien précis : faire tomber le gouvernement ». Les derniers sondages montrent toutefois que plus de 80% des israéliens soutiennent ce mouvement.

Publié dans Moyen-0rient

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